Né en Chine, Léon GE Dongliang a commencé ses études à Singapour avant de s’envoler pour la France. De retour à Singapour, il est aujourd’hui Operations Specialist chez Google. Le portrait de cet alumni français est le premier d’une série d’entretiens, dont le point d’orgue sera le lancement de la plate-forme France Alumni.
Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Je m’appelle Léon, je viens de Chine. Cela fait 9 ans maintenant que je suis arrivé à Singapour. De 2008 à 2012, j’ai vécu en France, à Paris, Grenoble, Vichy etc… tout d’abord pour apprendre le français et m’imprégner de la culture française, et puis ensuite pour intégrer une formation d’ingénieurs à l’Ecole des Mines de Paris. Je travaille désormais en tant que chef de projet pour Google à Singapour. Quand j’ai du temps libre, je m’investis beaucoup pour les associations d’alumni de France : je suis notamment vice-président de l’association French Grandes Ecoles Alumni à l’Université Nationale de Singapour (NUS). J’aime également participer aux différentes activités culturelles liées à la France et à la Francophonie.
Pourquoi avoir choisi de faire vos études en France ?
Pour être tout à fait honnête, venant d’un tout petit village à 300km de Shanghai où nous n’avions même pas l’électricité, je n’avais jamais envisagé de partir à l’étranger. C’est une succession de « miracles chinois » qui m’ont donné cette possibilité, tout d’abord en faisant partie des 20 sélectionnés pour un programme d’échange entre les Ministères de l’éducation chinois et singapouriens et puis en étant accepté au sein du FDDP (French Double Degree Program) entre l’université de Singapour et l’Ecole des Mines. J’ai eu la chance de pouvoir rejoindre ce programme très exhaustif, de 3 ans, qui propose une immersion complète dans le pays. Pendant mon cursus, j’ai eu l’occasion de faire plusieurs stages, notamment chez l’Oréal et ensuite dans un cabinet de consulting appelé Metis Consulting.
Quelles différences avez-vous remarquées entre les systèmes universitaires singapouriens et français ?
A Singapour, le modèle est anglo-saxon : les universités ont plusieurs milliers d’étudiants, les infrastructures sont très complètes, les ressources pour la recherche très importantes. En France et notamment aux Mines, l’échelle est bien plus petite, mais la ressource d’enseignement est extrêmement importante et impressionnante. Une autre différence est le rapport entre spécialisation et généralisation. A Singapour, on se spécialise dès la première année. En France cependant, on est exposé à un champ très large de matières et de connaissances, de la sociologie à la physique quantique en passant par les beaux-arts. Cette diversité permet ce que l’école appelle l’épanouissement des élèves. Personnellement, je suis tout à fait convaincu de cette approche. Je pense qu’avoir la possibilité d’acquérir autant de connaissances variées est quelque chose d’extraordinaire.
Vous êtes aujourd’hui en poste chez Google. En quoi ce lien avec la France a eu une influence sur votre carrière ?
Je suis en effet depuis presque deux ans Operations Specialist chez Google. Nous sommes une équipe de gestion de performance opérationnelle dans le département des Ressources humaines. Mon travail consiste concrètement à optimiser et améliorer continuellement les processus de collaboration entre nos équipes dans les 13 pays de la zone Asie-Pacifique.
La France a eu un impact sur ma carrière à deux niveaux. Tout d’abord, car c’est grâce à ce même réseau alumni français que j’ai pu rencontrer celui qui deviendrait mon patron et obtenir des entretiens pour rentrer chez Google ! Ensuite, Google étant une entreprise globale, j’ai de nombreux collègues français, et pouvoir leur parler directement dans leur langue créé immédiatement une connexion forte et importante dans notre travail. C’est un outil vraiment efficace.
Pouvez-vous partager avec nous quelques anecdotes, quelques souvenirs en lien avec la France ?
Trois éléments me viennent à l’esprit : la gastronomie, les gens et la langue. Premièrement, la culture de la table française est pour moi un moyen de connexion entre les gens extrêmement puissant. Il n’y a qu’en France que j’ai pu, au travers d’un repas partagé de plusieurs heures, aborder des sujets aussi variés que la politique, l’art ou la philosophie. C’est quelque chose qui me manque beaucoup. C’est ainsi qu’un peuple se connecte ensemble. Je crois que c’est cela que l’on appelle la fraternité française.
Deuxièmement, les Français. Pour beaucoup, les Français sont un peuple étranger et étrange. Ils sont très différents des autres Occidentaux, et on les critique parfois, car ils sont très critiques. Il y a pourtant énormément de choses à apprendre d’eux car c’est un peuple extrêmement rationnel. Chaque Français a un côté analyste. Cette façon de penser m’a fasciné.
Enfin, la langue française. Au départ, je ne l’ai pas trouvée belle, car j’étais très habitué à l’anglais. Mais au fil du temps, j’ai développé une obsession pour la langue. Par exemple, j’aime que les adjectifs soient placés derrière le nom, ce qui nous laisse le temps de réfléchir. En comparaison, la langue chinoise n’a pas de grammaire et peut paraitre très floue. Je pense que chaque personne sur Terre devrait apprendre un petit peu de français pour acquérir une nouvelle façon de penser.
Enfin, pouvez-vous nous parler de votre engagement au sein de la communauté alumni et de vos attentes envers la future plate-forme ?
Chez Google, j’ai appris que le savoir était extrêmement cher à produire, mais très bon marché à reproduire. Cette mission de diffusion de la connaissance me tient très à cœur. Mon engagement en tant qu’alumnus est motivé par les mêmes raisons. Chacun a ses propres connaissances, mais en les connectant, cela devient beaucoup plus puissant, à la fois pour les individus du groupe, mais également pour le groupe lui-même. J’ai répondu à votre demande d’interview par solidarité : je sais à quel point l’aide des anciens a été importante pour moi à mes débuts. De manière plus personnelle, je suis très friand de découverte de nouveaux métiers, de nouvelles personnes et je trouve par conséquent mon plaisir dans ce réseau. J’espère que le projet France Alumni sera de très haut niveau et facile à utiliser par tous. Il est important que l’on travaille ensemble pour faire connaître ce projet. Il est initié par l’Ambassade de France et Campus France Singapour mais j’espère que chacun fera sa part pour faire avancer ce projet. J’encourage tous les alumni, selon leurs possibilités, à s’investir dans cette communauté. Le monde sera d’autant meilleur qu’il sera divers, et la Francophonie a une forte contribution à jouer.