À la rescousse des étudiants en droit brésiliens
Associée dans un cabinet d’avocats franco-brésilien, Maria Isabel dos Santos-Nivault vit entre la France et le Brésil. Elle conseille des étudiants brésiliens en droit sur les démarches à effectuer pour étudier et travailler en France.
Écrire une lettre d’amour à la française
Maria Isabel dos Santos-Nivault a construit sa carrière d’avocat entre le Brésil et la France. Membre fondateur de la Chambre de commerce du Brésil en France, elle s’est donnée pour mission d’orienter les flux de jeunes Brésiliens venus étudier dans l’Hexagone. Elle leur conseille la plupart du temps de s’inscrire en DSU, un diplôme de droit pour les étrangers, avant de passer l’examen du barreau.
Selon elle, avoir assimilé la méthodologie française est un prérequis indispensable pour réussir scolairement. Elle prend l’exemple du commentaire composé. Cet exercice visant à expliquer les enjeux d’un texte résume l’approche rigoureusement analytique de l’enseignement tricolore : « Les Français sont incapables d’écrire une lettre d’amour sans un plan en deux parties, deux sous-parties ! »
Parce qu’elle a étudié au Brésil et en France, Maria Isabel dos Santos-Nivault bénéficie d’une position privilégiée pour analyser les forces et faiblesses des systèmes académiques des deux pays. Elle apprécie la rigueur française qui façonne l’esprit. Mais elle regrette que l’enseignement ne soit pas davantage tourné vers l’apprentissage pratique. Au Brésil, les étudiants bénéficient d’horaires aménagés pour effectuer des stages en parallèle de leurs études. En France, de tels dispositifs sont rares, et les stages ne durent que six mois.
Avocate aux barreaux brésilien et français
Initialement tentée par la diplomatie, Maria Isabel dos Santos-Nivault s’est prise de passion pour le droit. Après avoir étudié à l’Université de São Paulo, elle est admise à l’examen du barreau brésilien et part faire un stage de trois mois dans un prestigieux cabinet parisien, Gide Loyrette Nouel. Elle y rencontre le professeur Barthélemy Mercadal, créateur et responsable d’un DEA en droit des affaires internationales à l’Université de Rouen. La dimension ouvertement cosmopolite du programme ravive ses anciens rêves d’international : elle réussit l’examen d’entrée et intègre le DEA.
Dans un premier temps, Maria Isabel dos Santos-Nivault exerce à Paris comme conseillère juridique. Mais un changement dans la législation française l’oblige à repasser l’examen du barreau pour pouvoir travailler sur le territoire. Elle est la première Brésilienne en France à obtenir ce sésame, en 1997. Spécialisée dans le droit des entreprises, elle préfère aux contentieux commerciaux la négociation : cet exercice constructif permet de rapprocher les interlocuteurs plutôt que de les éloigner.
Un biculturalisme total
Aujourd’hui à la tête du bureau parisien du cabinet brésilien Gouvêa Vieira Advogados, Maria Isabel dos Santos-Nivault se dit parfaitement « biculturelle et binationale ». Elle possède la nationalité française mais n’a jamais tout à fait quitté le Brésil : elle s’y rend tous les deux mois environ pour motifs professionnels. Elle en profite pour rendre visite à sa mère et sa fille, partie étudier là-bas.
Ce biculturalisme ne l’empêche pas d’avoir conscience des malentendus possibles : « Parce qu’on est latin, on croit se ressembler. Mais Français et Brésiliens ont des codes culturels complètement différents. » Lorsqu’elle négocie des contrats, elle s’efforce de trouver un compromis entre deux postures a priori opposées : « Il y a une vraie gentillesse chez les Brésiliens. Ils ne disent jamais non, par politesse. Les Français peuvent être agressifs, mais ce n’est pas de la méchanceté. Plutôt une façon bien à eux de chercher à provoquer ! »
Elle balaie ces difficultés d’un sourire et souligne les liens historiques qui unissent la France et le Brésil sur le plan des idées. Elle prend l’exemple de la sociologie française, qui a fortement influencé la discipline brésilienne : le Français Claude Lévi-Strauss a fondé le département d’anthropologie à l’Université de São Paulo à la fin des années 1930. C’est cette tradition d’échanges intellectuels entre les deux pays qui peut expliquer la forte attraction des étudiants brésiliens pour le système académique français.