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Anna SHIRINSKAYA, portrait d'une start-uppeuse made in Paris-Sud

19 avril 2019 Carrières
Vue 229 fois

Le mois de mars, conjugue le 8 mars, journée internationale des droits de la femme, avec le 11 mars, journée internationale des start-up, à cette occasion nous faisons la lumière sur une start-uppeuse made in Paris-Sud. Anna Shirinskaya est arrivée en France via le cursus Erasmus mundus et le Master SERP CHEM où elle a suivi un cursus en chimie. Originaire de Russie, elle tombe amoureuse de la France et décide de prolonger son séjour avec un doctorat à Polytechnique. Désormais russe et française, elle a obtenu la nationalité depuis 1 an et demi, elle se lance dans l’aventure start-up.

Comment êtes-vous arrivée à l’Université Paris-Sud ?

Je suis originaire de Russie où j’ai obtenu un Master 2 Chimie mais je voulais obtenir un diplôme davantage visible à l’international. J’ai donc candidaté au programme Erasmus Mundus. J’ai d’abord réalisé mon premier semestre en Italie à Gênes, puis mon second semestre au Portugal à Porto et enfin mon troisième trimestre en France au sein de l’Université Paris-Sud. Mon quatrième et dernier semestre était consacré au stage que j’ai réalisé grâce à Paris-Saclay dans les laboratoires de Polytechnique.

Quel souvenir gardez-vous de l’Université Paris-Sud ?

 


Crédit photo : Omini Labs

 

Lorsque je suis arrivée à Paris-Sud, c’était mon premier séjour en France. Il y a une vraie amitié entre la Russie et la France, j’avais très envie de découvrir ce pays dont j’apprécie la musique : Edith Piaf, Joe Dassin, Georges Brassens ou encore Charles Aznavour.

J’ai choisi le Master SERP-CHEM et la spécialité chimie car je souhaitais approfondir cette discipline. Ensuite durant mon stage, j’ai exploré les liens entre électronique et chimie des matériaux en me spécialisant sur la fabrication des dispositifs électroniques de type « diode électroluminescente organique ».

J’ai réalisé mon doctorat au sein de l’Université Paris-Saclay dans un laboratoire de Polytechnique. Mes recherches, aux croisements de la biologie, chimie, physique et électronique, portaient sur le développement de la sensibilité des capteurs bioélectroniques autrement dit d’outils de mesure qui font le lien entre le corps humain et le signal électronique. Connus du grand public, il s’agit par exemple des tests de glucose, des moniteurs cardiaques ou encore des montres sportives connectées. J’ai pu avancer sur la partie théorique et leur fonctionnement tout autant que la partie fabrication et test.

Comment avez-vous osé franchir le pas de l’aventure start-up ?

Après mon doctorat, j’avais envie d’être dans la valorisation de la recherche en transférant celle-ci vers le monde économique et l’innovation. J’ai monté une start-up « VINOsens » pour développer des capteurs pour la mesure des liquides et très spécifiquement pour mesurer dans le vin le taux de sucre (et de fait le degrés d’alcool) mais aussi les tanins afin de permettre aux vignerons un suivi très précis de la vinification.

Fin 2018, j’ai décidé de réorienter mon activité, j’ai créé une nouvelle start-up « Omini Labs » toujours spécialisée dans les capteurs mais cette fois-ci dans le domaine médical. Nous développons des biocapteurs pour réaliser des tests de type « analyses médicales en laboratoire » portant principalement sur le sang et les urines. Ces tests ont l’avantage d’être « instantanés », réalisés par le professionnel de santé ou le patient lui-même, ils ont le mérite de supprimer les impératifs liés au transport des échantillons et à la distribution des résultats et plus généralement aux délais liés au passage en laboratoire traditionnel. C’est une logique gagnant-gagnant, le patient n’a pas à revenir chez le professionnel de santé à l’occasion de l’interprétation des résultats, on fluidifie les diagnostics et on épargne le stress éventuel.

 


Crédit photo : Omini Labs

 

Où en êtes-vous aujourd’hui ?

Nous sommes au stade des preuves de concept avec la réalisation d’un prototype, et nous avons échangé avec des clients potentiels mais aussi des fonds d’investissement.

Dans cette aventure entrepreneuriale, le réseau a t-il été important ?

Au sein de l’Université Paris-Sud et Paris-Saclay, il y a vrais dispositifs d’accompagnement destinés au soutien des étudiants qui souhaitent entreprendre. Notre premier réseau professionnel est souvent celui de notre parcours de formation. J’ai monté ma première start-up VINOsens avec mon directeur de recherche Yvan Bonnassieux et ma collègue de programme de Master Erasmus Mundus Lipsa Nag . Aujourd’hui, Yvan est le conseiller scientifique d’Omini.

Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide au réseau professionnel. Pour définir le business model de la start-up Omini, j’ai eu besoin de brainstormer avec des médecins généralistes, des spécialistes, des patients ou encore des directeurs d’hôpitaux autrement dit des personnes dont l’emploi du temps est assez chargé et qui ne sont pas facilement joignables. Ensuite, j’ai aussi eu besoin d’aide manuelle pour un prototypage, un code, un test dans un labo. Mon réseau m’a facilité le lancement d’Omini.

 


Anna et Joanne en networking pour Omini Crédit photo : Anna Shirinskaya

 

Est-ce qu’être femme a changé quelque chose ?

Pour répondre honnêtement à cette question, il aurait fallu que je vive cette aventure en tant qu’homme (rire). Je me suis toujours sentie très libre dans mon projet. Je sais que statistiquement un peu moins de financements sont accordés aux femmes. Après c’est très prenant de créer une start-up, et on enchaine les heures de travail. Ce n’est pas incompatible avec une vie de famille, d’ailleurs Joanne Kanaan qui est l’associée co-fondatrice, d’Omini va se marier, mais il faut avoir un conjoint sur qui on peut réellement compter. 

Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaite créer sa start-up ?

Je dirais que si l’on en a envie, il faut oser l’aventure. Personnellement, je ne voulais pas rester uniquement dans le domaine de la recherche, j’étais et je suis encore une passionnée des transferts de technologie. En créant une start-up, on acquiert énormément de compétences dans un temps illimité. Créer une start-up c’est avoir envie de faire évoluer le monde, certes à sa modeste échelle, mais je dirais que c’est surtout avoir envie d’évoluer soi-même ! Les femmes ne doivent pas s’autocensurer devant une telle opportunité.

Interview de Sabine Ferrier, 
Chargée du réseau des diplômés de l’Université Paris-Sud, 
Direction de l’orientation professionnelles et des relations entreprises.

Pour toute information sur le réseau des diplômés de l’Université Paris-Sud, vous pouvez contacter Sabine Ferrier, chargée des relations diplômés à la Direction Orientation Professionnelle et Relations Entreprises : alumni.parisudien @ u-psud.fr, 01 69 15 33 29 (Bâtiment 330 campus d’Orsay).




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