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Lina Hadid, du Liban à la France en passant par Campus France

27 février 2024 Communauté
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Lina Hadid est originaire du Liban, elle rejoint l’Université Paris-Saclay pour le master Erasmus Mundus SERP-Chem en candidatant via la plateforme Campus France. Un parcours rendu possible grâce à la bourse qu’elle a pu recevoir. Un seul cours sur les plasmas lui donne envie d’approfondir le sujet. Elle décroche un stage puis un doctorat au Laboratoire de Physique des Plasmas (LPP) à l’École polytechnique. Passionnée de physique et surtout d’astrophysique, elle rejoint le Swedish Institute of Space Physics (IRF) dans le cadre d’un post-doc puis l’Agence Spatiale Européenne (ESA) pour la mission Jupiter Icy Moons Explorer (JUICE) dont le lancement est prévu en 2022 vers Jupiter. Depuis 2019, Lina est revenue au LPP en tant que chargée de recherche CNRS.

Focus sur le France Alumni Day de Campus France

Du 13 au 28 mai 2023 a lieu le France Alumni Day organisé par Campus France à l’initiative du Ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Partout dans le monde, le réseau diplomatique français, les établissements, les associations de diplômés mettent à l’honneur des profils d’alumni et ce qui les unit : un lien durable avec la France. Une semaine, qui se clôturera à Paris avec une soirée de prestige le 23 mai au Quai d’Orsay, et qui nous a donné l’occasion de rencontrer Rayen Atallah.

En effet, à cette occasion, l’Université Paris-Saclay est partie à la rencontre de ses diplômés internationaux, membres de Campus France, afin qu’ils partagent leur expérience. Pour remise en contexte, Campus France, est une agence nationale créé en 2020, placée sous la tutelle conjointe du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères et du ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. L'agence a pour missions : la valorisation et la promotion à l'étranger du système d'enseignement supérieur et de formation professionnelle français ; l'accueil des étudiants et des chercheurs étrangers, y compris l'aide à la délivrance des visas et l'hébergement ; la gestion de bourses, de stages et d'autres programmes de la mobilité internationale des étudiants et des chercheurs ; l'étude et l’analyse de la mobilité internationale des étudiants et des chercheurs ; mais aussi l'animation de France Alumni, réseau des anciens étudiants internationaux de l’enseignement supérieur français.  

Bonjour Lina, merci d’avoir accepté cette interview, pouvez-vous nous présenter votre parcours de formation ?

J’ai eu la chance d’être scolarisée au Liban dans une école française de la maternelle au lycée. J’ai obtenu mon baccalauréat au Lycée Alphonse de Lamartine à Kfar Kahel (Koura, Nord du Liban). Il y a une grande influence culturelle de la France au Liban, j’ai toujours eu des amis français ! Le lycée français a été une vraie chance pour moi, j’ai bénéficié d’un enseignement de grande qualité donné par des professeurs libanais et français dans un milieu privilégié.

Après mon Bac, j’ai intégré la Faculté des sciences de l’Université Libanaise pour une Licence en Physique fondamentale. Durant ma troisième année, un de mes professeurs, qui avait étudié à l’Université Paris-Saclay, Adnan Naja, m’a encouragée à postuler au master international ERASMUS MUNDUS SERP-Chem.

Racontez-nous votre arrivée en France avec Campus France ?

J’ai toujours eu envie de quitter le Liban pour faire mon master et bien entendu j’ai toujours eu beaucoup d’affinités avec la France ! Comme ma sœur poursuivait déjà ses études en France à la fin de ma licence, la situation financière de mes parents ne permettait pas de soutenir nos études à toutes les deux. Le seul moyen pour moi était d’obtenir une bourse. J’ai postulé, via la plateforme Campus France, au master international Erasmus Mundus SERP-Chem de l’Université Paris-Saclay et j’ai obtenu une bourse Campus France pour laquelle je serai toujours reconnaissante. Je ne m’attendais pas du tout à être sélectionnée !

C’était le premier voyage de ma vie ! Je pensais avoir besoin d’une petite période d’adaptation, mais en arrivant en France, je ne me suis pas sentie dans un pays étranger ! Avec le master SERP-Chem j’ai retrouvé un système éducatif privilégié avec des professeurs très engagés.

Quels souvenirs gardez-vous de l’Université Paris-Saclay ?

Je n’ai que de bons souvenirs. Je pense que j’ai eu beaucoup de chance. Cela m’a permis d’étudier en France où le niveau et la qualité de vie sont plus élevés qu’au Liban. J’ai été très bien entourée par le personnel de Paris-Saclay pour mes démarches administratives qui peuvent être un peu compliquées quand on n’est pas français ! Campus France m’a aidé pour obtenir mon visa mais aussi pour me rendre dans d’autres pays européens pour mes semestres d’échanges.

J’ai fait mon premier semestre en France à Orsay, puis je suis partie en Pologne à Poznan pour le deuxième semestre et en Italie à Gênes pour le troisième semestre, pour enfin revenir en France, au LPP à l’École Polytechnique pour mon stage de master. C’est vraiment un master ouvert sur le monde avec des étudiants de toutes les nationalités. Evoluer dans un environnement international a été l’occasion de me confronter à d’autres cultures et manières de penser, ce qui a été un vrai enrichissement.

Que faites-vous aujourd’hui ?

Je suis chargée de recherche au CNRS au sein de l’équipe spatiale du Laboratoire de Physique des Plasmas (LPP). Mes travaux de recherche consistent à étudier les processus dynamiques liés à l’interaction du vent solaire avec les magnétosphères planétaires. Je fais des analyses de données de différentes sondes spatiales. Actuellement je suis très impliquée dans la mission BEPI-Colombo commune à l’Agence Spatiale Européenne (ESA) et l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise (JAXA). Cette mission vise à étudier la planète Mercure avec deux sondes spatiales. Elle a été lancée en 2018 pour une arrivée en 2025 doit durer deux ans jusqu’en 2027, et revenir sur Terre en 2028. Elle J’ai eu la chance de recevoir au LPP, deux outils stratégiques : un spectromètre de masse ionique qui vise à mesurer la composition ionique de l’environnement de Mercure et un fluxmètre alternatif qui permet de mesurer le champ magnétique à haute fréquence de la planète. Je suis responsable adjointe du spectromètre et à partir de janvier 2024, suite à un départ à la retraite, j’en aurais l’entière responsabilité.

Pouvez-vous nous donner des nouvelles de la mission JUICE pour laquelle vous aviez précédemment travaillé et qui est d’actualité ?

J’ai en effet travaillé pour la mission Jupiter Icy Moons Explorer (JUICE) lorsque j’étais en poste à l’Agence Spatiale Européenne (ESA) avec un lancement vers Jupiter prévu en 2022 qui a finalement eu lieu le 14 avril 2023 pour une arrivée sur Jupiter en 2030.

L’objectif de la mission JUICE est une insertion en orbite autour de Jupiter, à laquelle précède 7 ans de phase de croisière. A l’occasion du survol de planètes notamment la Terre et Vénus, les équipes en profitent pour allumer des instruments afin de vérifier leur bon fonctionnement et leur calibrage. Une des antennes ne s’est pas déployée ce qui a défrayé la chronique, mais les équipes ont trouvé une solution en secouant l'engin grâce aux moteurs. Puis, ils ont effectué une petite manœuvre visant à exposer l’instrument du côté du Soleil de manière à le "réchauffer". À force, grâce au maniement des actionneurs qui composent la structure, la précieuse antenne de 16 mètres a fini par se déployer au bout de plusieurs jours. Au final, plus de peur que de mal.




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