Chaires d'excellence en biologie-santé : quatre des lauréats sont des alumni
Dans le cadre du plan France 2030, le Gouvernement vient de présenter les lauréats de l’appel à projets Chaires d’excellence en biologie-santé. Ce dispositif, qui permet de financer une équipe de recherche en France, a pour but d’attirer les meilleurs chercheurs et de renforcer l’excellence de la recherche hexagonale. Parmi les 22 chercheurs d’envergure mondiale retenus pour initier ce programme, quatre des lauréats sont des alumni internationaux !
« Il n’est pas de grandes découvertes sans hommes et femmes d’exception ». C’est par cette assertion que la ministre chargée de la recherche et le ministre de la santé ouvrent l’édito signé conjointement dans le dossier de presse consacré au lancement des Chaires d’excellence en biologie-santé, de nouvelles chaires qui ont pour objectif de soutenir les travaux en France de chercheurs et de chercheuses de grand talent. Dotées d’un financement de 2 à 3 millions d’euros chacune, ces chaires vont permettre de mener sur le territoire français de nouveaux projets d’envergure sur une durée de 5 ans.
Faire de la France un pays leader en santé
La création de ces Chaires vient ainsi confirmer l’ambition fixée avec le lancement du Plan Innovation santé 2030, volet santé de France 2030 : faire de la France un pays leader en santé.
Selon l’Agence nationale de la recherche (ANR) qui pilote le projet pour l’Etat, disposer d’une recherche biomédicale d’excellence est en effet « une première étape clé pour permettre aux innovations en matière de soins de santé d’émerger en grand nombre et, à long terme, dans le but d’améliorer la santé publique, de renforcer notre souveraineté et d’attirer les investissements internationaux ainsi que les grands industriels de santé ». L’un des enjeux pour y parvenir, poursuit l’agence, relève « de l’attractivité et/ou du maintien sur le territoire national des meilleures chercheuses et chercheurs mondiaux dans leur domaine ». Au total, ce seront ainsi entre 40 et 50 chaires d’excellence qui seront initiées et financées pour un budget total de 80M€ issu du programme France 2030.
Les Chaires d’excellence, qui ont pour vocation de soutenir des projets iconiques de la recherche biomédicale française, sont rattachées à un laboratoire. Elles doivent aussi, précise l’ANR, « constituer un levier pour candidater aux appels d’offres européens d’envergure ».
Quatre alumni lauréats
Comme le soulignent encore les ministres dans leur édito, ces Chaires sont « ouvertes aux chercheurs et chercheuses travaillant à l’étranger comme à ceux oeuvrant déjà dans une institution française ». Parmi les 22 premiers lauréats, qui ont été sélectionnés par un jury international, figurent quatre alumni qui ont effectué une partie de leur formation en France. Il s’agit de :
- Renata Basto qui a fait ses études de premier cycle en génétique et microbiologie à l’Université de Lisbonne (Portugal). Elle a ensuite passé sa thèse au CNRS, à Gif-Sur-Yvette. Titulaire d’une bourse postdoctorale, elle a poursuivi sa carrière à Cambridge (Royaume-Uni). Elle est aujourd’hui directrice adjointe de l’unité Biologie cellulaire et cancer à l’Institut Curie, spécialisée dans « la polyploïdie et son rôle dans le développement du cancer » ;
- Yasmine Belkaid, titulaire d’un master en biochimie de l’université algérienne des sciences et de la technologie Houari-Boumediene, ainsi que d’un DEA de l’université Paris-Sud. Elle a obtenu son doctorat en immunologie à l’Université Paris-Sud et à l’Institut Pasteur, où elle a étudié « les réponses immunitaires innées à l’infection par Leishmania ». Depuis le 1er janvier 2024, elle est directrice générale de l’Institut Pasteur de Paris ;
- Luis Quintana-Murci, au parcours international par excellence : il a effectué ses études de biologie à l’Université de Barcelone (Espagne), son doctorat en génétique des populations à l’Université de Pavie (Italie) et son habilitation à diriger des recherches à Sorbonne Université ! Il est aujourd’hui directeur de recherche à l'Institut Pasteur, professeur au Collège de France et membre de l'Académie des sciences. Ses travaux portent sur « le rôle des interactions entre gènes et environnement sur les risques de maladie » ;
- Olaya Rendueles a obtenu à Oviedo (Espagne) une maîtrise en microbiologie. Elle a ensuite rejoint pour son doctorat le laboratoire de génétique des biofilms à l’Institut Pasteur. Chercheuse en microbiologie, elle travaille depuis 2024 à Toulouse au Centre de biologie intégrative et au Laboratoire de microbiologie et génétique moléculaire. Ses recherches portent sur les « défis et solutions dans la lutte contre l’infection bactérienne et la résistance aux antibiotiques » .
Des chercheurs étrangers au parcours « multinational »
En dehors de ces quatre alumni lauréats, la plupart des chercheurs sélectionnés pour les Chaires d’excellence en biologie-santé ont tous un parcours européen et international que l’on pourrait qualifier de « multinational ». On peut citer par exemple quatre chercheurs d’origine étrangère, pour qui la France est le point d’attache central mais qui ont sillonné le monde entier. C’est le cas notamment de :
- Giacomo Cavalli, qui a étudié la biologie à l’université de Parme (Italie), avant d’intégrer l’Université des sciences et de la technologie de Zurich (Suisse) pour faire son doctorat et commencer un postdoc dans l’université de Heidelberg (Allemagne). En 1998, il intègre l’Institut de génétique humaine à Montpellier où il se spécialise le domaine de l’épigénétique ;
- Paolo Giacobini a partagé ses études doctorales et postdoctorales en neurosciences entre l’Université de Turin (Italie) et le National Institute of Health de Bethesda (USA), avant de s’installer en France en 2009 pour occuper un poste de chercheur à l’Inserm. Aujourd’hui directeur de recherche, son domaine de spécialité est « le trouble de fertilité » chez les femmes ;
- Roméo Ricci a suivi des études de médecine à l’Université de Berne (Suisse), avant d’intégrer l’Institut de pathologie moléculaire à Vienne (Autriche). Son parcours l’a conduit en 2010 à l’Hôpital universitaire de Strasbourg, en tant que Professeur des universités - Praticien hospitalier où il supervise désormais une équipe de recherche à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire ;
- Albert Weixlbaumer, au parcours proche de son homologue précédent a aussi, après ses études à Vienne (Autriche), obtenu un doctorat en biologie moléculaire et biophysique à Cambridge (Royaume-Uni), avant de s’installer à Strasbourg pour y devenir chercheur principal à l’Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire. Ses recherches portent sur les « mystères de l’épissage : comprendre la diversité des protéines pour mieux lutter contre les maladies ».
Des travaux aux perspectives concrètes
Autant de lauréats qui illustrent, chacun dans leur secteur, l’ambition d’un dispositif qui offre de nouveaux moyens pour développer en France la recherche dans des domaines aux perspectives concrètes pour la santé des Français, pour ce qui concerne en particulier l’épigénétique, la génétique et les neurosciences.
Comme l’indique en effet l’Agence nationale de la recherche, les travaux soutenus permettront par exemple de mieux comprendre :
- les mécanismes impliqués dans les principaux troubles neurologiques ;
- les troubles de la fertilité féminine ;
- les mécanismes des tumeurs pour mieux les combattre ;
- l’équilibre avec les bactéries présentes dans le corps humain ;
- les infections bactériennes et la résistance croissante aux antibiotiques.
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