Histoire d'Alumni - Portrait de Christina OIKONOMOPOULOU
Quel est votre parcours d’études ?
J’oserais dire que mon parcours d’étude se caractérise par une multiplicité de cursus divers. Ma volonté personnelle de porter plusieurs « casquettes » éducatives est liée à la conviction que le monde professionnel contemporain, dynamique et protéiforme, nécessite une grande variété de compétences –souvent même disparates entre elles– de la part des individus. À la suite de ma participation réussie aux examens panhelléniques en 1988, j’ai débuté mes études au Département de Langue et de Littérature françaises de la Faculté des Lettres de l’Université Nationale et Kapodistrienne de Grèce, qui constituait d’ailleurs la première cible de mes projets professionnels. À la fin de mes études en 1992 et après avoir travaillé pour un an en tant que traductrice à une entreprise franco-hellénique de logiciel à Athènes, j’ai poursuivi mes études à Sorbonne Université, Faculté des Lettres (ancienne Université de Paris-Sorbonne, Paris IV), dans le cadre d’un master de Littérature générale et comparée (D.E.A.) sous la direction du professeur Pierre Brunel (1993-1994). Le sujet de mes recherches, déjà orientées vers le théâtre, portait sur l’influence des spectacles populaires et des mouvements cubisme et futurisme dans la conception et la réalisation scénique du ballet avant-gardiste légendaire Parade (1917) de J. Cocteau, É. Satie, P. Picasso et L. Massine, sur la réception du mythe d’Orphée dans l’œuvre de Jean Cocteau, et l’identité religieuse du théâtre symboliste de Paul Claudel. Parallèlement, je continuais mes études de musique et de piano. En 1996, j’ai eu mon diplôme de musique par le Conservatoire athénien ‘Société musicale’ du compositeur Yiannis Ioannídes, et deux années plus tard (1998) j’ai soutenu ma thèse de Doctorat de Littérature générale et comparée toujours sur Parade, à Paris IV et une fois de plus sous la direction du professeur Pierre Brunel. Obligée de retourner définitivement à Athènes pour des raisons familiales, j’y ai commencé à travailler comme professeure de langue et de littérature françaises à des établissements privés américains et francophones, ainsi que comme traductrice ‘freelance’ de documents financiers et économiques procurés par des entreprises franco-helléniques. En 2000, commence mon parcours professionnel au groupe bancaire ‘Emporiki Bank’ où j’ai travaillé pendant neuf ans (2000-2008) en tant que traductrice et interprète. En 2004, et grâce à la possibilité offerte par l’Institut Française de Grèce de suivre une grande partie de cours afférents à Athènes, j’ai réussi avec succès aux examens pour l’acquisition du Diplôme supérieur de Français d’Affaires et de Traduction financière par la Chambre de Commence et d’Industrie de Paris.
2. Qu’est-ce que vous ont apporté vos études en France ? En quoi votre passage en France a eu un impact sur votre situation actuelle ?
Mon séjour de cinq ans à la capitale française pour effectuer mes études à la Sorbonne fut pour moi une expérience de vie inoubliable qui a pris les dimensions d’un réseau très riche et constamment renouvelable et tout à fait fructueux d’images, d’expériences, de rencontres, de connaissances, de réflexions et de compétences, bref un véritable trésor de vécu que je porterai toujours en moi. La grande chance que j’ai eue de réaliser mes recherches de D.E.A. et de Doctorat aux côtés du professeur Pierre Brunel, cette grande personnalité de la science des Lettres françaises et de Littérature comparée, m’accompagnera pour toujours, tant au niveau professionnel que personnel. Sans mes études en France, ma rencontre avec le professeur Pierre Brunel, mon quotidien académique parisien, toujours fascinant et plein d’éducation, de culture, d’art et de lectures, je ne serais nullement la personne, la professeure et la chercheuse que je suis aujourd’hui, sans bien sûr compter les liens d’amitié que j’ai tissés depuis lors et que j’entretiens jusqu’aujourd’hui avec grande joie et émotion.
Aujourd’hui, où en êtes-vous dans votre carrière ? Vous êtes spécialisé dans la littérature comparée et surtout le théâtre francophone, etc. ; Que se passe-t-il en Grèce dans ce domaine et en quoi pensez-vous que la coopération internationale est importante dans ce domaine ? Parlez-nous des groupes internationaux de réflexion auxquels vous participez.
Depuis 2003, je travaille au Département d’Études Théâtrales de l’École des Beaux-Arts de l’Université de Péloponnèse où j’enseigne les écritures théâtrales et littéraires-monde d’expression française contemporaines et extra-contemporaines, la terminologie et la culture théâtrale française et l’histoire du théâtre mondial. J’y ai commencé mon parcours en tant que Maître de conférences à contrats déterminés successifs (ΠΔ/407), et en 2008 je fus élue à l’unanimité Enseignante-Chercheuse, Membre Titulaire Permanent du Personnel Enseignant Spécialisé, titre académique que je maintiens jusqu’à présent. Parallèlement à mes responsabilités didactiques, je continue aussi systématiquement que possible mes recherches sur les dramaturgies francographes écrites par des créateurs et des créatrices du XXe et du XXIe siècle qui ne sont pas d’origine française mais qui proviennent de quatre coins du monde. Mon travail compte jusqu’à présent plus de trente participations à des colloques internationaux, presque cinquante études et articles dans des revues scientifiques et des volumes collectifs, plusieurs recensions d’ouvrages sur la francophonie et les études francophones, et trois ouvrages autonomes ayant comme sujet les écritures théâtrales-monde d’expression française. Mon livre le plus récent, écrit en grec, porte le titre « Théâtre francophone, Écritures théâtrales-monde d’expression française », Tome I : « Europe », et fut édité par la maison d’édition grecque Papazissis. Il s’agit d’un premier effort d’enregistrement et d’analyse critique entrepris en Grèce, et j’oserais même dire à l’international, des pièces de théâtre des dramaturges d’expression française provenant de Belgique, Luxembourg, Suisse, Valée d’Aoste, Irlande, Espagne, Italie, Pologne, Russie, Grèce, Roumanie, Serbie-Croatie, Roumanie et la partie européenne de la Turquie. Actuellement, je suis en train d’écrire le deuxième volet de ce même ouvrage qui aura comme sujet les écritures théâtrales francophones des écrivains de théâtre issus d’Afrique (Maghreb et Afrique subsaharienne), je viens de déposer à la maison d’édition grecque Hêrodotos une première ébauche de ma monographie sur l’écriture théâtrale de l’écrivain algérien francophone Habib Tengour, et je suis en train de remanier une vaste étude que je mène depuis plusieurs années sur la réception des mythes grecques chez des dramaturges francographes extra-européens, dont une première partie fut publiée dans le dernier numéro de la revue scientifique Parabasis du Département d’Études théâtrales de l’Université Nationale et Kapodistrienne de Grèce.
Le domaine des études francophones, au niveau d’interprétation et d’analyse critique des textes littéraires, est considérablement développé en Grèce, surtout au milieu des cercles académiques, mais on ne peut pas partager le même constat pour l’étude scientifique et spécialisée des pièces de théâtre-monde d’expression française, domaine pour lequel on constate une certaine absence de densité par rapport à l’approche des littératures francographes. Pourtant, cette lacune se contrebalance par la traduction, l’édition et la production scénique d’un nombre très élevé et considérable des dramaturges francophones.
Dans le but de mes recherches et travaux sur les écritures théâtrales-monde d’expression française, je participe en tant que membre à plusieurs associations, unions et sociétés internationales dont l’objectif principal est la diffusion et la valorisation des dramaturges francophones issus de tous les espaces géographiques et de leur œuvre théâtrale. Mais le plus important et le plus essentiel pour mon travail est la prise en contact et la communication régulière avec un très grand nombre d’écrivains de théâtre francophones contemporains originaires de plusieurs pays du monde.
Continuez-vous d’entretenir des liens de coopération avec la France ? Si oui, les quels ?
Je continue toujours d’entretenir des liens de coopération avec la France, souvent pays d’accueil des dramaturges francophones du monde entier. J’essaie de la visiter le plus fréquent que possible afin d’interviewer les créateurs et les créatrices des pièces de théâtre, de me mettre en contact avec les dernières livraisons d’ouvrages spécialisés sur la francophonie et le théâtre francographe, de participer à des colloques internationaux qui s’y déroulent, et de s’entretenir avec des collègues des universités françaises, aussi spécialisés au domaine des études francophones.
Quels sont vos conseils pour ceux qui poursuivent leurs études ou cherchent un travail en France après leurs études ?
Profiter pleinement de tous les dons que la France est apte à offrir aux étudiants étrangers au niveau d’éducation, de langue, de culture, d’expériences académiques et de recherche, d’art, de spectacles, des liens amicaux. Essayer de trouver un travail après ses études en France serait sans aucun doute une expérience inoubliable et un avantage très fort à son bagage professionnel.
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