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La France est identifiée comme délivrant un enseignement de haute qualité

16 mai 2018 Communauté
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Après des années où le pouvoir d’attraction de la France auprès des étudiants internationaux semblait vaciller Campus France le proclame cette année par la voix de sa directrice générale, Béatrice Khaiat : « France is Back ! ».

 

Olivier Rollot : Il y a un an vous mettiez en garde contre la perte d’influence de la France dans la compétition que se livrent les grands pays pour attirer le plus d’étudiants internationaux. En 2018 vous proclamez « France is Back » dans l’édition 2018 des « Chiffres clés » de Campus France. Qu’est-ce qui a changé ?

Béatrice Khaiat : En partant des chiffres les plus récents sur le nombre d’étudiants étrangers en France, ceux du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation qui concernent l’année 2016-2017, on constate que le nombre d‘étudiants étrangers en France est passé en un an de 310 000 à 325 000. Une progression de 4,6% en un an qui est la plus forte hausse annuelle de ces cinq dernières années.

Ces chiffres viennent conforter l’étude « Image et attractivité de la France auprès des étudiants étrangers » que nous avons publiée début 2018 et qui démontrait que nous la France était de plus en plus attractive. A l’heure de l’élection de Donald Trump et du Brexit, les États-Unis comme le Royaume-Uni voient leur attractivité fléchir. Seul le Canada progresse plus que la France.

O. R : La France progresse sur quels critères ?

B. K : Partout et les critiques, par exemple sur la difficulté d’obtenir des visas ou le coût de la vie, sont en baisse. Les étudiants sont de plus en plus satisfaits de l’intérêt de leur séjour d’études.

O. R : On connaît les principaux pays d’accueil des étudiants internationaux qui nous précèdent, États-Unis, Royaume-Uni et Australie, mais quels sont les pays qui se rapprochent de nos positions ?

B. K : Si on fait exception des Pays-Bas, qui ont triplé le nombre d’étudiants étrangers en cinq ans grâce à leurs cours en anglais, les nouveaux acteurs qui émergent ont une forte politique d’influence dans tous les domaines. Ils cumulent politique de bourses et de création d’institutions comme les instituts Confucius chinois ou leur équivalent turc. Ces derniers tournés vers l’Afrique.

La Russie, avec une progression de 50% en cinq ans, s’impose ainsi parmi les principaux pays d’accueil et talonne désormais l’Allemagne et la France. De même la Chine enregistre une progression de 75% en cinq ans et passe de la 10ème à la 8ème place sans cacher son intention d’être, en 2030, une des premières destinations mondiales. Avec son programme de bourses islamiques, l’Arabie Saoudite est également passée en cinq ans du 30ème au 13ème rang mondial.

O. R : Mais alors que faut-il pour que la France reste à son rang ?

B. K : Pendant quinze ans le niveau des bourses que nous consacrons aux étudiants internationaux a été constamment en baisse. Aujourd’hui il est sanctuarisé mais il faudrait mobiliser plus de moyens – du côté des entreprises ou dans le cadre des programmes d’investissement d’avenir (idex, Isite,…) – pour avoir par exemple une vraie politique en Afrique notamment anglophone et lusophone.

Notre grand atout c’est que la France à une très bonne image que ce soit pour le niveau de ses cursus ou la valorisation de ses diplômes. Et elle a une politique d’influence et des ambassades très motivées partout. Campus France est d’ailleurs associée aux plans de développement dans chaque pays.

O. R : Premier pays pour le nombre de ses étudiants internationaux, la Chine semble vouloir les retenir de plus en plus chez elle. Pour la France ça se marque déjà par une baisse de 3,2% entre 2011 et 2016. Et dans le même temps, vous le disiez, elle entend recevoir de plus en plus d’étudiants internationaux. Cela ne risque-t-il pas de remettre en cause tout l’édifice d’une mondialisation étudiante qu’on croyait sans fin ?

B. K : C’est clair : dans l’avenir la Chine enverra de moins en moins d’étudiants à l’étranger tout en attirant de plus en plus. L’Australie ou le Royaume-Uni, les pays les plus engagés en Asie, peuvent se poser des questions. Avec la création du Classement de Shanghai, la Chine a créé un marqueur vis à vis de ses propres universités. Ensuite ils ont construit d’immenses campus avec le concours d’architectes internationaux.

Nous ne devons pas pour autant nous résigner. Nous devons ouvrir des antennes de Campus France et des Alliance françaises dans de nouvelles provinces chinoises. Nous devons créer des séjours d’études d’été en anglais pour des étudiants chinois qui n’ont pas le temps d’apprendre l’anglais. La France doit rester dans le radar !

O. R : On entend souvent dire que le faible niveau des frais de scolarité pratiqué dans les universités françaises nuit à notre image de marque. Que répondez-vous ?

B. K : Nous l’avons étudié et constaté qu’au contraire c’était un atout, même en Asie, contrairement à ce qu’on entend souvent. La France est identifiée comme délivrant un enseignement de haute qualité à faibles droits d’inscription. Face à des familles qui doivent envoyer plusieurs étudiants à l’étranger c’est un véritable atout. En termes de coût faire un master en France qui va durer trois ans, deux ans de master après un an pour apprendre le français, revient au même prix qu’un an de master au Royaume-Uni pour un étudiant qui parle déjà l’anglais.

O. R : On entend quand même dire que le niveau des universités françaises n’est pas forcément à la hauteur de ce qu’attendent certains étudiants…

B. K : Les étudiants étrangers que nous avons interrogés se disent tout à fait satisfaits du niveau pédagogique de nos universités. 93% se disent satisfaits de leur séjour. De même, 8 étudiants étrangers sur 10 ont une bonne perception du suivi pédagogique en France – en progression de 5 points en 5 ans – 9 étudiants sur 10 sont satisfaits de la valeur des diplômes français et 78% du contact avec les enseignants, en croissance de 5%lors évidemment si nous nous comparons avec le Massachussetts Institute of Technology (MIT) nous avons peu d’établissements comparables. Mais tout n’est pas du niveau du MIT aux Etats-Unis !

Il y a eu une véritable prise de conscience dans les universités, dans les Grandes écoles, de l’atout qu’était pour elles l’apport d’étudiants étrangers et tous ont aujourd’hui une politique en la matière. Dans le même temps les effectifs des services d’accueil ou des relations internationales ont constamment augmenté. Et regardez l’état des bâtiments : avec le plan Campus énormément d’efforts ont été faits.

O. R : Ces bons résultats se voient-ils à tous les niveaux du LMD ?

B. K : La progression sur la période 2015-2016 est plus faible au niveau master (+1,3%) qu’en licence (+4,9%) alors que le nombre d’étudiants étrangers baisse en doctorat (-2,5%). Aujourd’hui le plan « Make our Planet Great Again » d’Emmanuel Macron attire des doctorants étrangers et notamment américains.

O. R : Quel rôle joue Campus France dans ces bons résultats ?

B. K : Ces bons résultats sont le fruit d’un travail collégial avec les conférences d‘établissements, les établissements d’enseignement supérieur français dans leur diversité (358 membres du forum Campus France), les partenaires institutionnels, les entreprises qui nous ont fait confiance.

Le rôle de Campus France est celui d’un facilitateur pour nos établissements dans leur démarche d’internationalisation. Il consiste également à promouvoir dans le monde la diversité, la richesse et l’excellence de l’enseignement supérieur français, en créant l’alchimie à l’étranger pour que l’ensemble de nos formations et de nos établissements soit visible. Campus France s’appuie – au niveau national sur l’expertise des membres du forum Campus France et des acteurs de l’ESR – et au niveau international – sur sa propre connaissance du terrain grâce aux espaces campus France, à notre puissant réseau diplomatique et aux différents contact que nous avons avec les instances de l’ESR dans les pays étrangers pour donner la meilleure image de la France, accompagner nos établissements et attirer les meilleurs talents vers notre pays.

O. R : En allant régulièrement à la rencontre d’étudiants dans le monde qu’amène Emmanuel Macron ?

B. K : En allant récemment à la rencontre des étudiants aux États-Unis après Ouagadougou, l’Inde et La Sorbonne, il contribue à notre bonne image. Je dis même souvent qu’il nous fait économiser de grandes campagnes de communication. Mais il faut aussi des bourses pour qu’un étudiant choisisse la France !




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