Soirée en mots et en musique pour un hommage à Baudelaire

150 ans après la disparition de l'illustre poète qui avait fait escale à Maurice, spécialistes de Baudelaire, comédiens et virtuoses de la musique classique tamoule, vous donnent rendez-vous pour une soirée inédite en mots et en musique. 

Anil Dev Chiniah, docteur-ès-Lettres «  Baudelaire vers l’océanisme »

A travers notre brève étude de l’œuvre fulgurante et fondatrice de Baudelaire, nous essayons de comprendre, si peu que ce soit, le génie spécifique de Baudelaire, à savoir comment une œuvre aussi parcimonieuse a pu, paradoxalement, atteindre une pérennité exceptionnelle et exercer l’influence majeure que l’on sait.

A ce propos, notre titre voudrait, d’une part, suggérer, la dimension incontournable, voire omniprésente de voyage fondateur à l’œuvre dans de nombreux poèmes. Mais, d’autre part, nous permettre de reprendre à notre compte, le fameux mot de Freud concernant le grand artiste, qui nous communiquerait invinciblement le sentiment océanique de la vie.

Du parcours du poète, on en interrogera donc les moments et périodes-clés : la jeunesse, les rapports familiaux, les fréquentations (femmes, écrivains tant maîtres que confrères), la quête inlassable de Poétique, et les travaux critiques consacrés aux écrivains et artistes, ainsi qu’à la traduction, notamment d’Edgar Poe.


Emmanuel Richon, conservateur :  "Charles Baudelaire et les souliers de la liberté"

L’influence de l’abolition de l’esclavage sur l’œuvre de Charles Baudelaire est-elle absente ou bien réelle ? 
A travers le poème La belle Dorothée dans le Spleen de Paris ainsi que son corollaire en vers 
Bien loin d’ici, dans Les Fleurs du Mal, peut-on affirmer de Charles Baudelaire qu’il serait un poète non engagé ? 
Au contraire de ses absences de prises de position, sa vie même ne serait-elle pas le suprême engagement, tout autant à prendre en compte ? 
Où il apparaît que l’intellectuel engagé n’est pas forcément celui qu’on croit.
 

Emmanuel Genvrin, dramaturge « Baudelaire en théâtre aux Mascareignes » 

En 1997, le théâtre Vollard de La Réunion entreprend de mettre en scène le voyage de Baudelaire aux Mascareignes. Quels ont été les enjeux de l’entreprise ? 
Comment représenter concrètement Baudelaire sur scène ? 
Quels ont été les obstacles rencontrés ? 

La mémoire du voyage, qui a laissé comme traces peu de faits réels, est nourrie de l’œuvre du poète mais apparaît encombrée de légendes, de fantasmes et de préjugés. L’exposé relatera les choix dramaturgiques de l’auteur, les scandales et conflits que le spectacle a générés, jusqu’à la thèse d’un étudiant d’Oxford qui bouleverse en 2015 la vision que l’on avait du voyage et conforte les choix du théâtre Vollard.



Les interventions des conférenciers seront suivies de lectures voix et en musique avec Henri Favory et Marie-France Favory, puis d'un trio détonnant, regroupant sur scène le joueur de mridangam Mayaven Murden, Rajesh Marday à la vînâ et Emmanuel Richon à la contrebasse, tous trois frappés par la ressemblance entre leur musique et ces lignes de Baudelaire :  "Leurs grands yeux sombres sont devenus tout à fait brillants pendant qu’ils faisaient de la musique ; une musique si surprenante qu’elle donne envie tantôt de danser, tantôt de pleurer, ou de faire les deux à la fois, et qu’on deviendrait comme fou si on les écoutait trop longtemps. L’un, en traînant son archet sur son violon, semblait raconter un chagrin, et l’autre, en faisant sautiller son petit marteau sur les cordes d’un petit piano suspendu à son cou par une courroie, avait l’air de se moquer de la plainte de son voisin, tandis que le troisième choquait, de temps à autre ses cymbales avec une violence extraordinaire"