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Histoire du doctorat en cotutelle à l'Université de médecine de Varsovie (WUM) et à l'École polytechnique

16 octobre 2024 Communauté
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Anna Helena Mazurek a poursuivi un doctorat franco-polonais en cotutelle à l'Université de médecine de Varsovie (WUM) et à l'École polytechnique entre 2020 et 2024. Son séjour en France a été rendu possible grâce à une Bourse du Gouvernement Français versée par Campus France.

Elle a effectué deux séjours en France, de septembre 2021 à avril 2022 et de juin à septembre 2023. En outre, elle a présenté les résultats des recherches de son doctorat à deux reprises en France lors de conférences scientifiques et a soutenu sa thèse.
Elle est pharmacienne, a terminé son master en 2021, a commencé son doctorat à la WUM en sciences pharmaceutiques en octobre 2020 et son doctorat à l'École polytechnique en sciences biologiques en septembre 2021.

 

Aujourd'hui, elle nous parle de ce qu'elle a fait pour son doctorat et des raisons pour lesquelles elle a choisi la France et l'École polytechnique.

 

- Dans mon travail scientifique, j'ai été impliqué dans la modélisation moléculaire, ce qu'on appelle la recherche in silico, c'est-à-dire l'utilisation de simulations informatiques au sens large pour l'analyse de divers systèmes biochimiques, l'étude de l'interaction des molécules entre elles, la détermination de leurs propriétés chimico-physiques et, en général, pour la conception de médicaments.

 

Plus précisément, en Pologne, je me suis intéressée aux substances thérapeutiques stéroïdiennes (par exemple l'œstradiol, la progestérone) et à la formation de complexes entre ces composés et les cyclodextrines (vecteurs de médicaments) afin de créer un système présentant une bonne solubilité, c'est-à-dire une meilleure biodisponibilité. Mes recherches ont été menées principalement par des méthodes informatiques, en utilisant des méthodes basées sur la théorie de la mécanique quantique.

 

Le deuxième type de méthodes de modélisation moléculaire est celui basé sur la théorie de la mécanique moléculaire. Ces méthodes sont moins exigeantes en termes de puissance de calcul et peuvent donc être utilisées pour analyser des systèmes plus importants (plus il y a d'atomes dans le système, plus la puissance de calcul nécessaire est importante). Ces méthodes sont utilisées, par exemple, pour analyser les interactions récepteur-ligand (par exemple, une substance thérapeutique). Dans mon cas, j'ai analysé le système « Récepteur d'œstrogène + Estradiol ». Normalement, les champs de force classiques sont utilisés dans ce type de méthode. Malheureusement, ceux-ci présentent de nombreux inconvénients lorsqu'il s'agit de décrire correctement les interactions intermoléculaires. C'est pourquoi le développement de champs de force polarisables est en cours depuis de nombreuses années. En prenant correctement en compte la nature polaire/non-polaire de l'environnement, ces champs de force fournissent des résultats beaucoup plus précis. Certains des principaux co-développeurs du champ de force polarisable AMOEBA, au développement duquel j'ai participé dans le cadre de mon doctorat, sont des centres de recherche situés à Paris et en région parisienne : Sorbonne et École polytechnique. Au moment de ma demande de doctorat, mon futur directeur de thèse français venait de demander une subvention pour un projet sur l'utilisation du champ de force polarisable AMOEBA dans l'étude de systèmes contenant, entre autres, des récepteurs de stéroïdes.

Conférence scientifique au Collège de France, Sorbonne

Mise en réseau « Les femmes dans les affaires et la science », Fondation Polonium, Hôtel de Monaco, Ambassade de la République de Pologne à Paris

 

 

L'École polytechnique et sa réputation, voire sa légende

 

L'École polytechnique est une université fondée en 1804 par Napoléon, initialement comme université militaire. À ce jour, elle est placée sous la tutelle du ministre français de la Défense. Elle est considérée comme la meilleure ou l'une des meilleures universités françaises, mais indépendamment des classements : elle jouit d'une popularité et d'un respect presque anormaux parmi les Français, et y étudier équivaut à trouver un emploi parfaitement rémunéré et le label d'appartenance à l'élite française.

À l'origine, l'École polytechnique était située dans le centre de Paris (il se trouve que j'ai habité à proximité de ces bâtiments d'origine lors de mon deuxième séjour en France), mais au fur et à mesure que l'université se développait, elle a été déplacée de Paris à Palaiseau (à 30 minutes en train du centre de Paris) dans les années 1970. 

Mon travail quotidien à l'École polytechnique

 

Je travaillais dans une équipe internationale, composée de doctorants et de post-doctorants, chacun venant d'un pays différent (à l'École polytechnique, 40 % des doctorants sont étrangers). Je commençais à travailler à 7h30, c'était mon choix, la plupart des gens commençaient entre 9h et 10h. À 11h30, notre superviseur et moi allions déjeuner, l'ensemble (l’aller au restaurant, le déjeuner et le retour au laboratoire) prenait 30 à 40 minutes permettant d’effectuer un temps de briefing : chacun d'entre nous indiquait au superviseur ce sur quoi il travaillait et nous discutions des détails les plus importants concernant le travail pour le reste de la journée. La discussion se poursuivait souvent après le déjeuner. Une fois par semaine, avant midi, le superviseur parlait à chaque membre de l'équipe de la recherche et convenait des prochaines étapes pour la semaine. Je terminais mon travail entre 15h30 et 17h30.

 

Dans le cadre de mes études doctorales, j'ai été obligée de suivre des cours de doctorat, que j'ai choisis parmi une liste de cours disponibles. Dans mon cas, une grande partie des cours portait sur des matières que j'avais déjà suivies pendant mon doctorat en Pologne. En France, j'ai bénéficié de cours de français pour étrangers et de cours à profil managérial et économique, dispensés par des chercheurs d'HEC Paris (troisième meilleure université de commerce au monde), dont le campus est situé juste à côté de l'École polytechnique. 

 

Où et comment j'ai vécu pendant mon séjour en France

Entre septembre 2021 et avril 2022, j'ai vécu dans un dortoir sur le campus près de l'École polytechnique. C'était une expérience unique. L''École polytechnique se situe dans la ville de Palaiseau près de Paris, la ville est en fait au pied du plateau de Paris-Saclay, et l'université est sur un plateau. Sur le plateau, il y a plusieurs grands campus interconnectés de différentes universités, des instituts de recherche, des laboratoires, des dortoirs, des logements pour les chercheurs. Le tout forme une grande cité universitaire : un magasin, un coiffeur, une pharmacie, un bar, etc. Pas d'habitations ou d'immeubles autres que les dortoirs, la moyenne d'âge des visiteurs dans le magasin du campus est de 20 ans ou un peu plus. Le campus est si vaste qu'il est desservi par des bus rapides. Un métro en provenance de Paris doit y être acheminé en 2026. Là-bas, tout le monde vit de la science et pour la science.

 

De juin à septembre 2023, j'ai vécu dans une résidence universitaire au centre de Paris, dans le 5e arrondissement, près du Panthéon, dans le bâtiment médiéval où René Descartes a écrit un jour « Je pense, donc je suis ». Bien que Paris, comme toute grande ville, soit pleine de touristes, bruyante, souvent sale et pleine d’odeurs nauséabondes, ce fut une très belle expérience, car, grâce à mon logement, je pouvais courir dans les magnifiques jardins du Luxembourg après le travail tous les deux jours. Les autres jours je pouvais traverser la rue de Rivoli à vélo et regarder les couchers de soleil sur la Tour Eiffel ou la Cathédrale Notre-Dame. 

Dortoir de la rue Rollin, 5e arrondissement

 

 

Campus France - qu'est-ce que cela m'a apporté ?

 

La bourse Campus France, c'est d'abord un financement pour vivre et payer vos études en France. C'est aussi une formule unique : le doctorat en cotutelle, un double projet de recherche permettant d'obtenir un doctorat dans les deux pays. Campus France est également un soutien important pour les questions administratives concernant les candidatures aux études doctorales en France. Je crois qu'un élément extrêmement important est le fait que Campus France fournit à chaque boursier une place dans une résidence étudiante : c'est particulièrement important à Paris, où la location d'un appartement est un processus très compliqué (sans évoquer les frais), et la location pour une courte période comme dans mon cas - des séjours en France de plusieurs mois - n'est pas du tout possible. Campus France, c'est aussi l'occasion de rencontrer d'autres étudiants et doctorants français et étrangers et de voir d'autres coins de l'Hexagone - on peut participer à des week-ends d'excursion organisés par Campus France. Je suis par exemple allée en Picardie.

Circuit cycliste et pédestre de Campus France à la Picardie : sur la Somme et la Manche

 

Les études doctorales - plus qu'un simple travail académique

 

En plus de mes objectifs académiques, j'ai réalisé deux autres choses pendant mon séjour en France : j'ai appris la langue française et j'ai parcouru l'Île-de-France à vélo. La France est vraiment un pays de cyclistes, j'ai acheté un vélo et, comme la carte Navigo vous permet d'utiliser presque tous les types de transports publics dans la région, j'ai pu me rendre les week-ends dans des endroits tels que Fontainebleau ou Saint-Germain-en-Laye, que je connaissais grâce aux livres des Mousquetaires. J'ai pédalé le long de la Seine, de la Marne et de l'Oise, se fut fabuleusement pittoresque. J'ai également visité les villes impressionnistes de Pontoise, Argenteuil et Moret sur Loing, ainsi que les villes médiévales de Dourdan et Provins, et de nombreux autres lieux. J'ai parcouru l'Île-de-France à pied, à vélo et en train dans toutes les directions, à tel point que je pourrais en faire un guide.

 

Je garde un souvenir particulièrement agréable du mois de septembre à Paris, lorsque toute la ville voit revenir ses habitants avec beaucoup d’énergie après les vacances d'été, que tout le monde vit l'atmosphère de la rentrée, qu'il fait encore chaud, que les journées sont longues, et que le troisième week-end de septembre ont lieu les Journées européennes du patrimoine. Soit dit passant cette idée française fut par la suite adaptée par l'Union européenne. C'est une occasion unique, non seulement de visiter gratuitement de nombreux musées, mais surtout de visiter des lieux historiques habituellement fermés au public, comme le palais du Luxembourg ou le Sénat français. 

 

Enfin, le Paris des étudiants-docteurs est aussi un Paris musical - j'ai passé de nombreuses soirées à l'Opéra Garnier et au Théâtre des Champs-Élysées.

Malgré les nombreuses difficultés rencontrées au cours de mon doctorat franco-polonais, difficultés qui provenaient soit de problèmes scientifiques - et la science est en fin de compte une affaire de luttes - soit de problèmes culturels - car la France est une nation avec de nombreuses coutumes, de mœurs auxquels il faut s'habituer et s'adapter – en plus de cela, tous les deux jours, je me pinçais la joue pour vérifier si c'était vraiment vrai, si l'on pouvait vraiment être aussi heureuse que je l'étais alors en France.

 

 

Si vous avez des questions, n'hésitez pas à me contacter : https://www.linkedin.com/in/anna-helena-mazurek/ 




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