TÉMOIGNAGE - Dr. Aneta Afelt : la mobilité m'a appris à me libérer de mes propres contraintes
Dr. Aneta Afelt, chercheuse engagée dans des coopérations scientifique franco-polonaises depuis 2014, BGF SSHN depuis 2019, nous raconte aujourd’hui les travaux de recherche qu’elle mène avec la France et nous donne son point de vue sur la mobilité des chercheurs et l’importance de la coopération internationale.
Quand avez-vous commencé à travailler avec des scientifiques français ?
Ma coopération scientifique avec des collègues français a commencé en 2014. Le groupe de recherche international franco-indonésien-cambodgien cherchait un géographe qui pourrait aider à relier les résultats génétiques et épidémiologiques aux conditions environnementales. C'était un défi de rejoindre un groupe de personnes dont le profil de recherche et l'expérience étaient très éloignés de mon domaine. Les résultats sont impressionnants ! En 2018, nous avons publié un résumé de nos travaux : " Chauves-souris, coronavirus et déforestation : Vers l'émergence de nouvelles maladies infectieuses ?", annonçant le risque d'une nouvelle épidémie humaine de coronavirus.
Ce premier projet s'est rapidement transformé en une coopération à long terme, bien établie avec l'Université de Montpellier et le laboratoire Espace-DEV de l'IRD. Nous avons publié en peu de temps 11 articles dans le domaine de l'environnement et de l'épidémiologie. L'expérience que j'ai acquise en travaillant sur mon premier projet avec mes collègues français m'a permis de mettre mes connaissances au service de la société polonaise, dans le contexte de la pandémie de SARS-CoV-2.
Qu’apporte la coopération internationale à votre travail de chercheuse?
La coopération internationale est l'une de mes expériences professionnelles les plus fructueuses. Tout d'abord, la coopération au sein d'un groupe de recherche international offre la richesse des connaissances, de l'expérience et des différents points de vue pour la compréhension du contexte des problèmes de recherche et le voyage fantastique à la recherche des réponses inclut tous les participants. Les résultats obtenus par cette méthode de recherche sont uniques car ils proviennent d'un mode de pensée et de méthodologies interdisciplinaires. La science moderne attend des solutions multidimensionnelles à des questions transversales complexes, surtout de nos jours où le nombre de faits et de données livrés est écrasant. En travaillant au niveau international, il est possible de constituer des équipes flexibles composées de spécialistes de différentes disciplines et - comme le montre la pandémie de COVID-19 - aujourd'hui, la distance géographique n'a plus d'importance ! Nous travaillons ensemble tout en vivant dans des pays et des continents différents.
Et la mobilité dans tout cela ?
D'après mon expérience, la mobilité internationale donne une vision plus large de nombreux aspects des activités scientifiques et sociales. Ces deux aspects sont importants pour un porteur académique en pleine mutation. Si, du point de vue de la recherche, la mobilité offre d'innombrables possibilités d'absorber de nouvelles méthodologies et de partager des expériences personnelles avec des collègues, les compétences sociales - apprendre des langues, reconnaître les contextes culturels, les différences et les similitudes des modes de pensée - offrent une possibilité unique de faire partie de la communauté scientifique internationale. Ce réseau de bonne entente favorise la liberté de créativité et de coopération. D'après mon expérience personnelle, la mobilité m'a appris à me libérer de mes propres contraintes et à rechercher de nouvelles opportunités, à l'intérieur et à l'extérieur de mon pays.
Cérémonie de remise du prix Nicolaus Copernicus
Crédit photo : l'Académie polonaise des sciences
Dr. Aneta Afelt, du Centre interdisciplinaire de modélisation mathématique et informatique de l'université de Varsovie, fait partie des membres de l'équipe consultative interdisciplinaire de COVID-19 qui a reçu la médaille Nicolaus Copernic de l'Académie polonaise des sciences.
Elle est géographe et s'intéresse à la géographie de la santé et aux sciences de l'environnement. Ses recherches portent sur l'application interdisciplinaire de la géographie et de son appareil de recherche dans les analyses épidémiologiques complexes. Depuis le 30 juin 2020, elle est Secrétaire de l'équipe consultative de COVID-19 auprès du président de l'Académie polonaise des sciences. Depuis octobre 2019, grâce, entre autres, à BGF SSHN, la Dr. Aneta Afelt est invitée du groupe de recherche Espace-DEV, dont le domaine de recherche est la modélisation des niches socio-écologiques. Ce laboratoire est affilié à l'IRD - Institut de Recherche pour le Développement de Montpellier (France). La scientifique de l'UW participe également à des projets internationaux d'épidémiologie et de santé publique, notamment pour l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
En avril 2018, avec ses collègues, la Dr. Aneta Afelt a publié un article prévoyant le risque d'une nouvelle épidémie de coronavirus dans la région de l'Asie du Sud-Est : "Bats, Coronaviruses, and Deforestation: Toward the Emergence of Novel Infectious Diseases?” (Frontiers in Microbiology). Elle a été l'une des premières voix publiques du pays à parler ouvertement de l'apparition inévitable du virus SARS-CoV-2 en Pologne. Comme raison de l'inévitabilité de la colonisation de la communauté mondiale par le virus, elle fait référence à notre connectivité - intercontinentale et régionale, qui est un réseau de transmissions individuelles d'humain à humain.
Crédit photo : Aneta Afelt, Christian Devaux
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