PORTRAIT DU MOIS
Portrait de Mireille Pack DOUTI EDORH

Sixième de notre série #LesAlumisTogolaisSontFormidables, nous avons le plaisir de vous présenter l'Alumni du mois d’octobre, Madame Mireille Pack DOUTI EDORH, psychologue clinicienne et de la santé au CHU Sylvanus Olympio de Lomé, qui a accepté de répondre aux questions de l'équipe France Alumni Togo.

Présentez-vous-en quelques mots – Mireille DOUTI

Je suis Mireille Pack DOUTI épouse EDORH, j’ai 28 ans et je suis mère de deux enfants. Je suis doctorante en Anthropologie sociale et ethnologie à l’Ecole des hautes études en sciences sociales de Marseille mais parallèlement je travaille dans l’Unité d’hémato-oncologie du service de Pédiatrie du CHU Sylvanus Olympio à Lomé en tant que psychologue clinicienne et de la santé.

Présentez-nous votre parcours universitaire

Après un BAC littéraire en 2007, je me suis inscrite à l’Institut National des Sciences de l’éducation de l’Université de Lomé dans la filière psychologie appliquée. Dans cet institut, j’ai eu une licence professionnelle en Psychologie de l’éducation puis un Master professionnel en psychologie clinique et de la santé en 2012.

En 2013, un anthropologue français m’a initiée à sa discipline grâce à une recherche sur l’enfance et la malnutrition au Togo. Cette étude commanditée par UNICEF Togo m’a permis de découvrir autrement le monde des enfants et certaines réalités dont je n’avais pas conscience. C’est à partir de cette étude qu’est née ma passion pour la recherche en sciences sociales plus spécifiquement les recherches ayant pour sujet les enfants. Dès lors j’ai participé à plusieurs projets de recherche ayant pour sujet les enfants. Un projet de recherche-action nommé ENSPEDIA (enfants soins en pédiatrie) m’a permis d’intégrer un groupe de chercheurs en Sciences Sociales venus de 12 pays d’Afrique et d’Europe. Durant trois années, nous nous sommes intéressés aux enfants souffrant de maladies chroniques et à leur expérience à l’hôpital. J’ai décidé de faire une thèse sur la thématique des soins en pédiatrie. Je voulais entre autres, réfléchir aux liens existants entre droits des enfants et la clinique pédiatrique. Je voulais comprendre les dynamiques socio-politiques, culturelles et économiques à l’œuvre dans les relations patients-familles-soignants, et, plus largement, dans les programmes de santé qui leur sont destinés. En 2016, grâce à la bourse SCAC (Service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France au Togo), j’ai pu concrétiser mon projet. Je suis depuis deux ans doctorante en Anthropologie sociale et ethnologie à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Marseille. Ma thèse porte sur la médicalisation des nouveau-nés. Mon objectif est de créer une réflexion sur les soins apportés au nouveau-né tant à l’hôpital qu’à la maison. Le but étant d’améliorer la qualité des soins chez les nouveau-nés.

Parallèlement à mes études, je travaille comme psychologue dans l’unité qui prend en charge les cancers de l’enfant à Lomé. Je m’occupe de l’accompagnement psycho-social des enfants souffrants d’un cancer et de leurs parents. Ces enfants qui sont hospitalisés dans l’Unité d’hémato-oncologie du service de pédiatrie du CHU Sylvanus Olympio restent à l’hôpital durant des mois et ont besoin d’être soutenu de même que leur famille.

Quel bilan faites-vous de votre séjour en France ?

Le bilan de mes séjours en France est très positif. En dehors de la découverte d’un nouveau pays et d’une nouvelle culture, j’ai fait des rencontres exceptionnelles autant humainement que professionnellement. J’ai pu participer à des colloques internationaux et acquérir de nouvelles compétences. J’ai pu grâce à ces séjours voir à quel point les Sciences Sociales peuvent apporter au domaine de la Santé. Dans les colloques internationaux, la collaboration entre les médecins, les sociologues, anthropologues, psychologues est très valorisée et leur complémentarité est mise en valeur.

Le respect de l’autre, le respect de la différence sont des valeurs auxquelles j’ai été confronté durant tout mon séjour. Cette expérience m’a grandie.

En quoi votre parcours d’études en France vous a-t-il aidé dans votre vie professionnelle ?

Mon parcours d’étude en France m’a permis d’élargir mes horizons et d’avoir une idée plus claire de mes perspectives d’avenir. Aujourd’hui je me rends compte de toutes les possibilités que j’ai d’évoluer dans le domaine de la recherche en sciences sociales. J’ai rencontré d’autres jeunes chercheurs comme moi qui travaillent sur des thématiques similaires.

Mon parcours d’étude en France m’inspire et mon projet est de créer une unité de recherche en sciences sociales spécialisée sur les questions de santé après ma thèse. Grâce à mes études en France je ne souhaite pas être qu’une chercheure mais une chercheure engagée et m’impliquer dans la recherche-action en faveur de la santé au Togo surtout la santé des enfants. Mon but est de créer un cadre de discussion entre les professionnels de la santé et les chercheurs en sciences sociales sur les pratiques hospitalières et leurs différents impacts sur les enfants malades.

En France, j’ai aussi rencontré des psychologues qui travaillent comme moi avec les enfants souffrants d’un cancer. J’ai alors pu découvrir leur cadre et leur méthode de travail. Nous avons échangé nos expériences. Je pense être plus utile pour les enfants souffrants d’un cancer et leur parent aujourd’hui. Travailler dans cette unité a été une découverte de tous les jours alors forcément voir ce qui se passe ailleurs m’a permis d’en apprendre davantage. J’ai acquis de nouvelles compétences qui me permettent d’être meilleure et d’innover dans mon domaine.

Qu’attendez-vous du Réseau France Alumni Togo ?

Beaucoup de togolais partent chaque année en France pour se former. Il s’agit d’une nouvelle expérience qui peut être parfois solitaire. Le réseau France Alumni Togo est un super moyen de sortir de cette solitude. En plus de nous permettre de nous connaitre mutuellement c’est un bon moyen aussi pour favoriser la naissance de nouveaux projets et des collaborations. Pour moi, le réseau Alumni va me permettre de rencontrer d’autres jeunes diplômés qui ont le même sens de l’engagement que moi. Je pense que parmi les Alumni se cachent mes futurs associés ou collaborateurs.