Caroline Sawe, Analyst & Business Development Associate
Caroline est Kényane et est devenue aussi Française. Elle travaille maintenant à Nairobi. Elle a grandi dans la région de la vallée du Rift et a effectué son éducation secondaire au Kenya pour ensuite partir en France.
Quel est votre parcours en France ?
En France, j’étais partie en jeune fille au pair à 19 ans dont le but est essentiellement de vivre dans une famille, apprendre la langue et la culture française. J’ai fait les cours de français intensifs à l’université de Créteil. Puis, j’ai suivi un parcours LLCE qui est plutôt littéraire. Après deux années je suis rentrée en Licence 3 en commerce international. Ensuite j’ai fait mon Master à l’Université d’Auvergne (Clermont Ferrand, France) dans un centre d’économie qui s’appelle le CERDI. Enfin, j’ai fait le Master 2 en développement durable avec une spécialité dans les pays en voie de développement.
Pourquoi partir en France ?
J’ai fait des cours de français au lycée, j’avais un professeur excellent. Au Kenya, nous avons les concours comme le « Drama festival » et ma professeure avec notre école gagnait toujours. On apprenait le français d’une autre façon, elle partait alors à la Réunion (Région de France) ou en métropole et revenait au Kenya pour parler de son expérience. Elle nous expliquait tout d’une autre manière comme ce qu’était une baguette ! Elle nous racontait la culture Française et créait de la curiosité, ça me faisait rêver ! Je n’ai jamais rêvé de partir ailleurs qu’en France pour découvrir la culture ! C’était un choix.
Et vous saviez que vous alliez rester ?
Au départ, je n’avais aucune idée, je pensais faire au pair pour un an et faire mes études au Kenya. Mais je ne savais pas que la France présentait les études universitaires autrement, c’est-à-dire que les frais de scolarité sont très accessibles (50 000 KES/an) et naturellement je me suis dit que j’allais rester pour faire mes études en France. Je pouvais aussi trouver facilement un job d’étudiant pour parvenir à mes besoins.
Qu’est ce qui a été le plus difficile à l’arrivée en France ?
J’ai passé un peu de temps à l’Alliance Française de Nairobi et j’avais le sentiment d’avoir un niveau de français suffisant, je lisais des articles donc je me sentais confortable. Arrivée sur Paris j’ai pris le train et j’écoutais les gens parler et c’était forcément du français et je ne comprenais pas un seul mot ! C’était le temps de s’habituer. C’était dur de se dire que je ne parlais pas la langue et je devais vivre avec une famille française où les enfants ne parlaient pas un seul mot d’anglais.
Qu’est qui a été le plus facile à l’arrivée en France ?
Tout était simple. j’arrivais du Kenya où il faut négocier pour tout, même pour obtenir son passeport. Tout était organisé. Pour moi c’était une structure et une gestion des choses qui paraissaient tellement faciles. Je n’avais jamais vu ça au Kenya comme les transports publics. En France les trains étaient à l’heure, tout était bien organisé !
Est-ce que ça été dur de trouver une université ?
Oui, je me rappelle que je devais postuler. Il y a le fait d’avoir une facilité pour lire, écouter les gens et la radio et il y a faire une lettre de motivation pour être accepté. Tous les dossiers sont pris sans critères de nationalité. J’ai postulé a beaucoup d’écoles à l’époque, je voulais faire un BTS (Diploma). J’ai relu mes lettres de motivation de l’époque dernièrement et ça m’a fait rire et j’ai compris pourquoi je n’avais pas été acceptée !
C’est pourquoi j’ai choisi LLCE car il y a une grande partie de cours d’anglais. Dans cette formation il y a les Français qui ont un bon niveau d’anglais. Mais d’être sélectionnée c’était dur mais une fois admise, cela a beaucoup amélioré mon niveau de français et cela m’a permis d’atteindre le niveau pour rentrer en Licence 3 en commerce international en français.
Et de changer de contexte d’au pair à étudier et l’intégration, était-ce difficile ?
Se faire des amis c’était facile, la plupart profitait de mon côté anglophone pour travailler avec moi et je me suis fait des amis qui le sont encore. Je me suis fait quelques amis Français et des Français d’origine africaine car on se ressemblait culturellement et ça permettait de découvrir une autre partie de la culture française.
Est-ce que votre image a changé sur la France ?
J’ai l’impression que je suis partie en France en rêvant de la France. Je suis partie non pas car il faut partir à l’étranger. La France est un beau pays. Si je dois conseiller aux personnes de partir en Europe, je dirais la France. Il y a cette facilité pour faire des études et il y a une certaine richesse culturelle que je ne peux pas expliquer. Les gens sont très accessibles et très ouverts d’esprits comparé à d’autres pays d’Europe où j’ai vécu. C’est très facile d’arriver de bien vivre en France surtout si on parle - français.
Quel intérêt de venir en France comparé aux Royaume- Uni et aux Etats-Unis ?
Je ne crois pas que vivre aux Etats-Unis ou en Angleterre donne cet aspect de la richesse culturelle. Je peux me tromper. La question d’ouverture d’esprit, il y a une certaine aise avec la multiculturalité : tu es Français avec des origines différentes. On se sent bien, à aucun moment je me suis dit « je suis étrangère je ne me sens pas chez moi ». Quand je suis arrivée, je faisais des fautes en français mais je ne me sentais pas rejetée.
Que faites-vous maintenant, qu’est-ce qui vous a poussé à revenir au Kenya ?
Je travaille dans le secteur des énergies renouvelables, au Kenya. Le secteur commence à s’ouvrir et se développer alors qu’en Europe c’est déjà un secteur solide. J’avais l’impression qu’il n’y avait plus la place pour moi et j’ai pu apporter des idées et trouver des gens pour créer quelque chose, il y a encore des stratégies alors qu’en France c’est déjà fait. En France, je me demandais comment je pourrais être utile pour le secteur éolien. Mon apport était plus limité alors qu’au Kenya je pouvais apporter mon expérience, je me trouve plus utile ici.
Quel serait votre conseil aux étudiants avant de partir ?
Un conseil : parler français, il faut faire des efforts. Je passais beaucoup de temps à l’Alliance Française avec des ateliers de discussion ça permet de se sentir à l’aise et écouter la radio. RFI par exemple aide vraiment beaucoup à s’habituer et une fois sur place parler aux gens, par exemple pour demander le chemin, plutôt qu’attendre que l’on vienne vers vous...
Quel est le conseil pour l’après ?
Je conseille de revenir au Kenya après avoir eu une expérience en France ce qui est le mieux notamment si on ne trouve pas de travail immédiatement sur place, il ne faut pas hésiter à revenir surtout pour ne pas être irrégulière et se trouver dans une situation délicate.
Comment avez-vous trouvé votre emploi ?
Au Kenya, le réseau est très important. En France pour mon premier travail, j’avais des amis qui étaient dans le secteur et vu que je n’étais pas ingénieur c’était compliqué. L’un d’eux m’a fait suivre une annonce donc j’ai postulé pour le stage et j’ai été prise chez France Energie Eolienne et mon contrat a été transformé en contrat de travail.
Quel est votre plat Français préféré ?
Le hachis parmentier et c’est facile à faire !