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Yew Boon Chia
Afin de célébrer le lancement de la plate-forme France Alumni à Singapour, l’Ambassade de France vous propose de découvrir chaque semaine le portrait d’un Singapourien qui a étudié en France pour qu’il nous parle de son parcours, de sa carrière et de sa relation avec la France. Cette semaine, nous sommes allés à la rencontre de Chia Yew Boon, Directeur général et Fondateur de Catalyst Advisors.

Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?

Je m’appelle Chia Yew Boon. Je suis né à Singapour mais j’ai fait une grande partie de mes études en France (6 ans) ! Aujourd’hui mon travail consiste à aider des entreprises à trouver des solutions de financement pour leurs projets. Je vis entre Singapour et Londres et ai deux filles.

Vous avez fait vos études en France dans les années 70 et 80, on peut dire que vous êtes un pionnier ! A l’époque, il y avait peu de programmes d’échanges, de doubles diplômes : vous avez donc fait tout votre cursus supérieur en France. Pourquoi ce choix ?

Au risque de vous décevoir, la France n’était pas mon premier choix ! En dernière année de lycée, une amie m’avait parlé des bourses pour partir à l’étranger. J’ai monté un dossier en demandant le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande. Lorsqu’on m’a proposé la France, j’étais déçu, d’autant que les études y duraient 6 ans contre 3 dans les pays anglophones. Mais mon père m’a convaincu de partir, me disant qu’il serait très positif d’apprendre une nouvelle langue. Il m’a dit : « A l’âge de 40 ans, tu ne regretteras pas d’avoir pris plus de temps pour faire tes études ». Et effectivement je n’ai pas regretté, il avait raison. En arrivant, j’ai fait un an de cours de français, puis deux ans de classes préparatoires, avant d’intégrer l’École Nationale Supérieure de Chimie de Strasbourg.
Je me suis beaucoup amusé en France, c’était une découverte. J’ai beaucoup voyagé. J’ai beaucoup appris, notamment à apprécier la cuisine française, le vin, la musique, le jazz. Une découverte dans les études mais aussi dans la culture, le mode de vie. J’ai aussi pu découvrir l’Europe, au travers de mes voyages.

Qu’est-ce que cela vous a apporté d’avoir fait vos études en France plutôt qu’à Singapour ?

C’est une ouverture d’esprit. Cela m’aide beaucoup dans mon travail. Je suis dans le monde des affaires et de la finance. C’est un monde de compétition. Avoir fait mes études en France, parler la langue me permet de me différencier. Je vais régulièrement en Chine pour mes affaires, et récemment encore, on m’a fait remarquer que je m’habillais dans un style français ! Je me suis donc imprégné de la mode française ! Les Chinois aiment beaucoup l’Europe et la France, donc quand ils apprennent que je parle français, cela me donne un nouveau rang à leurs yeux. Avec mes partenaires européens également : cela nous rapproche immédiatement.
Au niveau personnel, la France m’a permis de découvrir de nombreux biens culturels. J’aime la musique. Chez moi, j’ai plus de 3800 albums, surtout du jazz et de la musique classique. La France a contribué au développement de la musique dans les autres pays. Cela me fascine. La France est un leader culturel. En ce moment j’aime particulièrement Richard Galliano, j’ai d’ailleurs fait part à M. l’Ambassadeur de mon envie qu’il vienne à Singapour pour un concert !

Pouvez-vous nous parler de votre carrière professionnelle ?

Mon premier emploi a été au sein d’une agence gouvernementale, l’EDB, dont l’un des objectifs principaux était d’attirer les entreprises étrangères à Singapour. J’ai travaillé la première année à Singapour, puis 3 ans à Stockholm où j’étais Directeur pour les pays nordiques. C’était formidable car j’étais très jeune mais j’ai eu l’opportunité de rencontrer les plus grands chefs d’entreprises. Je suis rentré à Singapour où j’ai travaillé encore au siège quelques mois avant de tout quitter pour me lancer dans la finance. J’ai commencé en bas de l’échelle, en tant qu’analyste mais au bout de quelques années, j’étais responsable de 70 analystes dans 10 équipes à travers la région (Indonésie, Pakistan, Chine etc.). La crise financière de 1997 est arrivée. C’était l’occasion pour du changement.

Je suis retourné au gouvernement, chez GIC Special Investments, la filiale private equity et venture capital du fond souverain GIC jusqu’en 2005. C’est l’un des plus grands fonds souverains au monde. Sur la période 2002-2005, j’ai aidé le Comité d’Investissement à analyser en détail et évaluer de nombreux dossiers, dont le montant d’investissement accumulé valait plus de 2,5 milliards de dollars d’investissements. De 2005 à 2007, j’ai été PDG d’EasyCall, une entreprise cotée aux bourses de Singapore et de Sydney spécialisée dans l’enseignement supérieur en Chine et en Australie.

Tout au long de ces expériences, j’ai été amené à beaucoup voyager, en Europe, en Asie, aux Etats-Unis. J’ai rencontré des gens formidables et appris beaucoup. Je suis toujours en mode d’apprentissage, jusqu’à maintenant. J’ai notamment rencontré un ami français qui a monté Atfis, un cabinet de conseil basé à Paris avec qui je travaille encore maintenant. Je suis d’ailleurs le seul associé non français.

Aujourd’hui je suis un deal-maker, un intermédiaire financier entre ceux qui ont un business à développer et ceux qui ont du capital à investir au sein d’un cabinet que j’ai fondé, Catalyst Advisors. Vous savez, à Singapour, de l’argent il y en a. Nous notre valeur ajoutée, c’est donc non seulement de proposer des financements, mais aussi un accompagnement, des connaissances, des synergies. Il faut avoir la fibre entrepreneuriale, c’est un métier risqué : il n’y a pas d’honoraires fixes, particulièrement en Asie où nous sommes rémunérés en success fees. Avec la France, nous faisons beaucoup de fusions & acquisitions. Mes collègues identifient un dossier, et moi je trouve un investisseur en Asie, très souvent en Chine. Ce que je fais maintenant, c’est ce que je préfère dans toute ma carrière. C’est comme si auparavant j’avais appris et joué différents instruments, la guitare, la batterie, le violon et que maintenant j’étais devenu le chef d’orchestre.

Enfin, je suis également Directeur du Conseil de Technovator, une entreprise cotée à la bourse de Hong Kong et spécialisée dans les technologies « efficaces énergétiquement ». Nous sommes une filiale de Tsinghua Tongfang, le conglomérat côté à la bourse de Shanghai dont l’actionnaire dominant est la prestigieuse université chinoise Tsinghua.

Pour finir, des anecdotes, quelques souvenirs en lien avec la France ?

A l’époque, je faisais beaucoup d’auto-stop. Je me souviens de la gentillesse des gens, loin des clichés sur les Français. Je me rappelle de repas partagés, d’invitations à rester dormir voire même à diner dans les meilleurs restaurants de la ville.

Enfin, pouvez-vous nous parler de votre engagement au sein de la communauté alumni et de vos attentes envers la future plate-forme ?

Dans les années 80, j’étais vice-président de l’association des alumni. Après j’ai progressivement laissé la place. Notre réseau est unique, il est important de s’entraider, pour le business bien sûr, mais pas seulement.