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Intelligence artificielle : des recommandations pour une stratégie française

28 mars 2024 Affaires
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« IA : notre vision pour la France ». C’est le titre du très intéressant rapport au Gouvernement que vient de remettre la Commission de l’intelligence artificielle. Cette Commission réunit des acteurs de différents horizons - culturel, économique, technologique, scientifique - dont la mission consiste à éclairer les décisions du Gouvernement pour faire de la France un pays à la pointe de la révolution de l'intelligence artificielle.

« L’IA ne doit susciter ni excès de pessimisme, ni excès d’optimisme : nous n’anticipons ni chômage de masse, ni accélération automatique de la croissance. Dans les prochaines années, l’IA ne remplacera pas l’humain, de même qu’elle ne sera pas la solution à tous les défis de notre temps ». Telle est la teneur de l’avant-propos du rapport remis au Gouvernement le 15 mars dernier par la Commission ad hoc qui n’en propose pas moins un plan d'action pour le développement de l'IA selon six axes et comprenant 25 recommandations.

 

Un plan d’action ambitieux et réaliste

 

Ce plan d’action, « aussi ambitieux que réaliste, au service des personnes, de nos besoins, de nos valeurs et de nos principes » est ainsi décliné en six grandes lignes qui doivent concourir à faire de l’IA un facteur de progrès pour maîtriser l’avenir. Il s’agit ainsi de lancer :

  • un plan « de sensibilisation et de formation de la nation ». Ce plan comprend des « débats publics en continu sur les impacts économiques et sociétaux de l’IA », mais aussi une « structuration de l’offre de formation d’enseignement supérieur », avec la « massification de la formation continue aux outils d’IA » ;
  • une orientation de l’épargne française
  • vers l’innovation pour créer « un fonds France & IA de 10 Md€ » afin de financer « l’émergence de l’écosystème d’IA et la transformation du tissu économique français » ;
  • l’implantation d’un « pôle majeur de la puissance de calcul » en France ;
  • une facilitation d’accès aux données, publiques et privées ;
  • le principe d’une exception IA dans la recherche publique, reposant notamment sur le « doublement des moyens de la recherche publique spécialisée » ;
  • une gouvernance mondiale de l’IA, avec la création d’une « Organisation mondiale de l’IA pour évaluer et encadrer les systèmes d’IA », mais aussi la mise en place d’un « Fonds international pour l’IA au service de l’intérêt général » et celui d’un « mécanisme de solidarité 1 % IA »  pour les pays en voie de développement.

 

Sept recommandations pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’international

 

C’est à l’intérieur de ces axes que viennent se dessiner les 25 recommandations plus concrètes émises par la Commission. Parmi celles-ci, on retiendra quelques actions emblématiques qui relèvent du pilotage du ministère de l’enseignement supérieur et celles qui concernent l’international :

  • porter une stratégie de soutien à l’écosystème d’IA ouverte au niveau international, en soutenant le développement de systèmes d’IA ouverts ;
  • faire de la France un « pionnier de l’IA pour la planète », en renforçant la recherche au service des transitions énergétique et environnementales ;
  • généraliser le « déploiement de l’IA dans toutes les formations d’enseignement supérieur » et « rendre accessibles et attractives les formations spécialisées » ;
  • former « les professions créatives à l’IA », dès les premières années de l’enseignement supérieur et en formation continue ;
  • attirer et retenir « des talents de stature internationale » ayant des compétences scientifiques ou entrepreneuriales et managériales dans le domaine de l’IA ;
  • assumer le principe d’une exception IA, sous la forme « d’une expérimentation dans la recherche publique pour en renforcer l’attractivité » ;
  • -structurer une « initiative diplomatique cohérente et concrète » pour mettre en place « la fondation d’une gouvernance mondiale de l’IA ».

 

Un investissement financier significatif mais nécessaire

 

Ces recommandations représentent ainsi un engagement annuel d’environ 5 Md€ au cours des cinq prochaines années. Selon la Commission, cet investissement « est significatif mais il est nécessaire pour faire de la France un pays à la pointe dans l’intelligence artificielle et pour que notre société en tire tous les bénéfices ». Ce financement comprend des investissements technologiques, mais aussi des « investissements pour catalyser à la fois la diffusion de l’IA dans l’économie » et une « appropriation et formation de toute la société ».

Pour les auteurs du rapport, il s’agit ainsi d’une ambition atteignable, étant donnés les atouts de la France et de l’Europe. Elle est également réaliste et accessible pour la France, dans la mesure où le plan IA qui est ici proposé « représenterait 0,3 % des dépenses publiques totales ». Et la Commission de mettre en garde sur le coût de l’inaction qui serait, à l’inverse, très élevé.

Pour la Commission, ne pas agir serait renoncer « à des gains économiques et sociaux importants », au risque d’un « déclassement historique ». Il faut donc, estiment les auteurs, « choisir les dépenses qui permettront à la France d’assurer la maîtrise de son avenir ». Et de conclure : « Une mobilisation collective, massive, sans délai et au long cours est impérative ».

Pour en savoir plus : 

Consulter le rapport de la Commission de l'intelligence artificielle

 




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