Des réfugiés sur les bancs de l’EHESS
Treize réfugiés ont été admis à l’EHESS cette année.
La prestigieuse École des hautes études en sciences sociales compte aujourd’hui treize réfugiés parmi ses étudiants. Une aide financière soutient leur intégration dans la vie de l’établissement.
« Marquis », l’aide financière qui facilite l’accueil des réfugiés
Depuis février 2016, l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) accueille parmi ses étudiants treize réfugiés venus de Syrie, du Soudan et d’Afghanistan. Ils bénéficient de l’aide financière Marquis, créée par l’école en octobre 2015 dans le but de « faciliter l’accueil des réfugiés, étudiants ou chercheurs, directement impliqués dans la recherche en sciences sociales et humaines ».
Cette aide est destinée aux « jeunes chercheurs et chercheuses, doctorant-e-s et post-doctorant-e-s qui, du fait de situations exceptionnelles, et notamment de la situation dans leur pays d’origine, ne peuvent poursuivre leurs travaux avec le minimum de sécurité et de confort nécessaire ».
Des exigences académiques avant tout
Contrairement à la plupart des bourses universitaires, l’aide Marquis ne présente pas d’exigences en matière de diplôme. Elle s’intéresse avant tout au niveau des candidats, laissé à l’appréciation d’un jury de professeurs. Une aubaine pour ces étudiants et chercheurs qui, ayant dû fuir leurs pays respectifs dans la précipitation, n’ont pu emporter avec eux que le strict nécessaire.
« Dans ces situations d’urgence, témoigne anonymement un étudiant syrien dans les colonnes du journal « Le Monde », on ne pense pas à prendre les papiers indispensables à la reconstruction d’une vie ailleurs ». Rares sont ceux qui ont emmené leurs certificats d’études dans leur valise.
Un engagement conforme à la tradition de l’école
Pour Liora Israël, maître de conférences et secrétaire du bureau de l’EHESS, cette initiative s’inscrit dans une longue tradition d’accueil. Fuyant l’oppression soviétique, les dictatures sud-américaines ou le Rwanda en guerre, nombreux sont les réfugiés à être passés par l’EHESS et à avoir enseigné dans ses murs.
Ce fut le cas de l’historien José Kagabo. Né au Rwanda, il avait fui son pays et les persécutions dirigées contre les Tutsis avant de trouver refuge en France en 1974. Admis à l’EHESS, il y était devenu maître de conférence quelques années plus tard. Ses travaux sur l’histoire du Rwanda lui valurent d’obtenir la nationalité française. Décédé en 2015, il était l’un des spécialistes les plus renommés du génocide Rwandais.
L’initiative fait des émules
Pour être admis boulevard Raspail, les candidats ont dû soumettre une présentation de leurs recherches pour évaluation. Ils ont ensuite cette bénéficié de l’aide de plusieurs professeurs de l’EHESS avec lesquels ils ont pu corriger et affiner leur projet. Passé cette étape, ils ont été définitivement admis dans la prestigieuse école. Une bourse leur a été attribuée, incluant la prise en charge de leurs frais de scolarité.
Cette procédure d’intégration fait aujourd’hui des émules. Sciences Po Paris propose également d’aménager ses conditions d’admission pour permettre à certains réfugiés de rejoindre ses cursus. Là non plus, pas de diplôme requis. C’est le niveau des candidats, évalué par une commission, qui décidera de leur intégration en licence, en master ou en doctorat.
[Crédits photos]
Bandeau : © EHESS
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