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Viktoria Horpenchenko, championne d'escrime

03 juillet 2024 Communauté
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A la veille des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Campus France a choisi de donner la parole à des sportifs étudiants ou alumni internationaux. Une mini-série d’entretiens qui illustre le propos du Président de la République, « le sport va nous rendre fiers », fiers de former aussi en France des sportives et des sportifs de haut niveau venus de tous horizons.

Deuxième entretien de cette série avec l’Ukrainienne Viktoria Horpenchenko, 19 ans, fleurettiste et étudiante en STAPS et en management, dont le parcours universitaire et sportif, fait de détermination et de courage, ne peut que susciter l’admiration.

 

Bonjour Viktoria, vous résidez actuellement en France, pour quelles raisons ?

Je voudrais tout d’abord dire merci à la France de m’avoir accueillie, à tous ceux qui nous ont aidés, avec une mention spéciale à Campus France pour avoir contribué à m’apprendre la langue française ! Je ne parlais pas un mot de français quand ma famille et moi sommes arrivées en France en mars 2022, un mois après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mon grand-père est mort sous les bombes russes dès les premières semaines d’occupation… Alors, parce que la route était encore ouverte, nous avons décidé de partir. Fuyant Kiev en voiture, nous devions en fait nous rendre en Belgique où vivait la sœur de ma mère.

 

Je voudrais tout d’abord dire merci à la France de m’avoir accueillie, à tous ceux qui nous ont aidés, avec une mention spéciale à Campus France 

 

Pourquoi ce changement de destination ?

Pendant le périple, une fois arrivées en Autriche, nous étions hébergées dans une famille. Mais ma mère, en surfant sur Facebook, est tombée sur quelqu’un qui aidait les Ukrainiens à Montauban depuis le début de la guerre... Pendant que nous étions sur la route, cette personne nous a trouvé une charmante famille française où nous avons vécu pendant trois mois, qui est maintenant parmi nos amis les plus proches. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvées dans le sud de la France. Mais, comme je suis une athlète de haut niveau et membre de l'équipe nationale d'Ukraine, tout ce temps sans escrime était insupportable pour moi ! Aussi bien à Montauban qu’à Toulouse, il n'y avait pas de club de fleuret, alors une amie ukrainienne m'a incité à écrire à l'équipe nationale française. Comme par magie, grâce à l'aide du BEC Escrime (Bordeaux Etudiants Club Escrime), de ses entraîneurs et de l'actuelle présidente du club, Edith Lubeigt, j'ai pu commencer à m'entraîner à Bordeaux et je peux désormais viser le plus haut niveau ! Je pratique l'escrime depuis 12 ans déjà et, en France, avec un entraîneur français, le maître de fleuret Dimitri Audren, je peux y parvenir. Au début, j’ai eu des difficultés avec la langue, mais après avoir suivi des cours de français à l’Alliance française pendant un semestre, ayant obtenu l’équivalent du baccalauréat en Ukraine, j’ai pu m’inscrire en licence STAPS à Bordeaux. En même temps, je suis un cours par correspondance à l'Académie ukrainienne de gestion, où j'étudie non seulement les bases du commerce, mais aussi le marketing et la psychologie.

 

 

Mais, votre carrière sportive ?

Elle n’est pas du tout mise entre parenthèses, bien au contraire ! Je m’entraîne sans arrêt et je suis en compétition tous les week-ends. Je parcours toute l’Europe et j’ai même eu la chance de suivre un stage d’un mois aux Etats-Unis. Je faisais en effet partie des meilleures escrimeuses en Ukraine et, aujourd’hui, je suis championne de France d’escrime, un titre que j’ai remporté l’année dernière lors d’un championnat de France par équipe. Je suis aussi championne de France universitaire en titre par équipe, et médaillée de bronze en individuel 2024. J’ai pu aussi entrer en Ukraine pour quelques jours, pour participer au championnat de fleuret dans mon pays que j’ai remporté. Je n’ai pas pu me qualifier pour les JO de Paris, étant encore junior, mais je me projette d’abord vers la prochaine Coupe du Monde et vers les Jeux olympiques de 2028 qui auront lieu à Los Angeles.

 

 

 

Au-delà de ces projets sportifs ?

Comment parler de mon avenir, alors que je suis encore très jeune et que, comme cela s'est passé l'année du début de la guerre, tout a changé en un claquement de doigts. Vais-je retourner en Ukraine ? Vais-je rester en France ? Rejoindre l'équipe de France ? Qui sait ? La première chose à faire est de terminer mes études, d'améliorer mon français et de rester en France pour le moment. Que vais-je faire après ? D'abord une carrière sportive, c'est sûr. Mais après ? Professeur de sport, agent sportif, manager, psychologue du sport ou « marketeur » ? Ce qui est certain, c’est que j’adore la France qui m’a ouvert tant de possibilités et que les liens avec votre pays ne sont pas prêts de se dissoudre !

 




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