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Kee-Yoon Kim

L’humour derrière le barreau

 

Française d’origine coréenne, Kee-Yoon Kim a réalisé un drôle de parcours : il y a quelques années, elle laisse tomber son métier d’avocat et se lance dans une carrière d’humoriste. Elle présente actuellement à Paris son spectacle « Jaune bonbon ». 

 

Mémoires d’une petite fille rangée

kee_yoon_400Quand « Les Inrocks » ont consacré un papier à son premier spectacle, Kee-Yoon Kim a dû écrire le nom de l’hebdo sur un papier pour ses parents. Plus férue de « Télérama » que du magazine rock, sa mère n’avait pas envisagé qu’on puisse un jour parler de sa fille dans la rubrique « Humour ».

La jeune femme raconte, avec un grand sourire, qu’elle a été élevée « comme un petit poney de course ». Elle a quelques mois à peine quand ses parents quittent Berlin où elle est née. Direction Paris : sa mère, chanteuse d’opéra, vient d’intégrer le Conservatoire de musique. À la maison, les parents de Kee-Yoon Kim mettent un point d’honneur à lui parler coréen. Elle n’a pas une minute pour s’ennuyer : école coréenne le mercredi, cours de chinois le samedi, apprentissage de la musique classique le reste du temps.

 

Korean style

L’été, toute la famille prend l’avion pour la Corée du Sud. Une nation dont les Français ont mis du temps à découvrir l’existence : « Avant, quand tu étais asiatique, tu étais chinoise ou japonaise. Maintenant, il y a Samsung et Kim Jong-Un… On parle plus souvent de la Corée. »

Kee-Yoon Kim en parle elle-même avec enthousiasme. Pour illustrer le rayonnement du pays, elle évoque l’hallyu, cette vague coréenne perceptible dans toutes les industries culturelles. Des Coréens, la jeune femme dit qu’ils « adorent voyager. Ils s’intéressent à tout ce qui se fait ailleurs en restant très patriotes ». Elle salue aussi leur sens de la dérision : « En Corée, le second degré est un sport national. Mon père est quelqu'un de très drôle. Ma mère se marre toute la journée… »

 

Des études au grand galop

Avant de faire elle-même rire les gens, Kee-Yoon Kim a marché « droit » : c’est la matière qu’elle choisit juste après le bac. Une décision liée en partie à l’affection que Kee-Yoon Kim voue à son oncle, éminent juriste et ancien Premier ministre de Corée. Bon sang ne saurait mentir : Assas, Sciences-Po, Essec, Kee-Yoon Kim enchaîne les diplômes. À ce CV éblouissant elle ajoute quelques expériences à l’international : semestre d’études à Séoul, stage à New York. Elle n’a pas encore trente ans quand elle intègre un grand cabinet parisien. 

 

Blagues de prétoire

Quand on l’entend aujourd’hui menacer, sur un air de pop acidulé, de frapper son ex avec une brique, on imagine mal l’avocate qu’elle a pu être. Il est rare de plaider en droit des affaires. Le goût de la scène, Kee-Yoon Kim va le découvrir par hasard : en 2010, elle réussit le prestigieux concours d’éloquence de la Conférence du barreau de Paris. « Lancer une blague qui fait rire 200 personnes, je ne connaissais pas. Je me suis dit : il y a des gens dont c’est le métier. » Pourquoi pas tenter l’aventure ?

 

Voir la vie en « jaune bonbon »

Une nouvelle vie commence : Kee-Yoon Kim teste ses premiers sketchs sur des scènes ouvertes, les met en ligne sur le net. Peu à peu, elle met au point « Jaune Bonbon », spectacle qu’elle joue maintenant tous les lundis soir au Théâtre du gymnase. Avec sa fantaisie décapante et un humour souvent caustique, Kee-Yoon Kim évoque le parcours d’une première de la classe qui décide de prendre des chemins de traverse. Et qui s’en félicite tous les jours, heureuse d’« avoir réalisé un trip de gamin : ‘Et si j’arrêtais tout pour faire des blagues ?’ ».

 

Photographies : ©Pierre Le Tulzo / Animal pensant

 

« Jaune bonbon », tous les lundis soir au Théâtre du gymnase