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Témoignage Pernilla

Depuis mon mariage, je porte un nom de famille français. Ainsi, de Pernilla Johnsson, qui est un patronyme suédois très courant, je suis devenue Pernilla Jourde, la seule selon Google à porter ce nom dans le monde ! J’ai aussi la double nationalité suédoise et française.

Pernilla Jourde

 

J’ai grandi en Suède à la campagne, dans un petit village, et personne dans ma famille ne parlait le français. Or, j’ai su très tôt que cela allait être ma deuxième langue étrangère à l‘école, après l’anglais appris dès 9 ans. Le français, je l’ai commencé à 13 ans.

Lund, Paris ...

Adolescente, je lisais beaucoup de romans français, traduits d’abord, ensuite directement en français, et je voyais tous les films français qui sortaient en Suède et ceux diffusés à la télévision. Le bac option littéraire en poche, je suis partie à Paris comme au pair. En 1988, c’était la solution la plus simple, étant donné que la Suède n’était pas encore membre de l’Union européenne. Après des cours de langue et civilisation françaises, j’ai raté la date d’inscription en DEUG, mais j’ai eu la chance de faire un remplacement d’un an à la délégation de Suède auprès de l’OCDE dont le siège mondial se trouve à Paris. Cette année intermédiaire m’a en fait mieux préparée pour les études supérieures. Une fois inscrite en Lettres modernes à la Sorbonne Nouvelle, j’y suis restée plus longtemps que prévu et ce n’est qu’après avoir obtenu une maîtrise en Littérature générale et comparée que je suis retournée en Suède compléter mes diplômes français avec un master de traduction à l’Université de Lund. Dans les deux pays, j’ai pu profiter d’une bourse et d’un prêt de l’Etat suédois. Je visais l’enseignement, mais quand la Suède a rejoint l’UE en 1995 la fonction publique européenne constituait une alternative autrement stimulante.

Comme les études en Suède comportent moins de cours magistraux et travaux dirigés et plus d’exercices à la maison, j’ai combiné le master avec un temps partiel à la Librairie française de Lund. Pendant mes études à Paris, je travaillais à l’Institut suédois les week-ends et en soirée, gardant les expositions et faisant le service lors des vernissages. Où que je sois, j’ai besoin d’avoir accès aux deux univers culturels en parallèle.

Kalejdoskop - une histoire dans chacun des 20 arrondissements parisiens

Une fois la formation professionnalisante terminée en Suède, j’ai passé les concours pour être fonctionnaire européen, car l’OCDE m’avait donné le goût des organisations internationales et l’envie de travailler dans plusieurs langues. Au Parlement européen, où je suis entrée en 1998, le français est un atout, car la plupart des collègues parlent plutôt l’anglais, moi je parle et écris les deux, avec une préférence pour le français. De plus, vivant à Bruxelles, je n’ai pas l’impression d’avoir quitté vraiment la France voisine. Nous nous y rendons en famille plusieurs fois par an, et dans le cadre d’un projet littéraire j’ai pu passer de nombreux week-ends à Paris avec pour seule compagnie mes cahiers et mon ordinateur. Ce projet s’est matérialisé il y a peu par une publication. Le recueil Kalejdoskop, comptant une histoire dans chacun des vingt arrondissements parisiens, est sorti en Suède en novembre dernier. Un seul regret – j’aurais dû l’écrire en français !

A présent, mon rêve serait de travailler avec un éditeur parisien pour la traduction. Plus tard, je retournerai bien vivre à Paris et je croise mes doigts pour qu’un de mes enfants choisisse d’y faire ses études. Or, mais ma fille rêve de Los Angeles ou New York et mon fils de Tokyo ! Hélas, les tropismes vers un pays précis ne sont pas génétiques.