20e édition de la Semaine du Cerveau
Placée cette année sous le haut patronage de Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, la Semaine du cerveau se déroulera dans près de 40 villes françaises. Ateliers, conférences, pièces de théâtre, débats, expositions... D'une grande qualité scientifique, la programmation s'adresse à tout type de public.
Qu'est-ce que la Semaine du Cerveau ?
Cette manifestation internationale, organisée simultanément dans près de 100 pays et plus de 40 villes en France, a pour but de sensibiliser le grand public à l’importance de la recherche sur le cerveau. C’est l’occasion pour de nombreux chercheurs, médecins et étudiants bénévoles de rencontrer le public et de partager avec lui les avancées obtenues dans les laboratoires de recherche en neurosciences, d’en présenter les enjeux pour la connaissance du cerveau et les implications pour notre société.
Pendant toute cette semaine, le grand public pourra aller à la rencontre des chercheurs pour apprendre à mieux connaître le cerveau et s'informer sur l'actualité de la recherche. Chaque année, c’est plus de 35 000 personnes, jeunes et adultes, qui participent et partagent l'enthousiasme des chercheurs.
Organisée chaque année au mois de mars, depuis 1998, sous l'égide de la Fondation Dana (États-Unis), la Semaine du Cerveau est coordonnée en France par la Société des Neurosciences, une association à but non lucratif qui regroupe plus de 2000 scientifiques dont 500 doctorants. Elle a pour vocation de promouvoir le développement des recherches dans tous les champs de disciplines des neurosciences, de la recherche fondamentale à la clinique.
Quelques chiffres...
Près de 800 bénévoles impliquées sur le terrain, 37 comités scientifiques, et 47 000 personnes présentes lors des manifestations.
- 150 conférences grand public (dont près de 80 en milieu scolaire)
- 131 animations scolaires
- 27 cafés sciences
- 118 ateliers scientifiques
- 30 projections de films
- 14 spectacles/débats
- 7 pièces de théâtre
- 10 visites de laboratoire
- 3 manifestations littéraires
- 29 interventions radio
- Plus de 72 rencontres avec les scolaires
- 13 expositions : expositions photos, visites guidées, visites pour enfants
- ... dans plus de 40 villes en France
> Informations pratiques et programme
> Consulter le dossier de presse et un aperçu des événements
© ICM - Institut du cerveau et de la moelle épinière
5 questions à Roland Salesse, coordinateur national de la Semaine du Cerveau
Quelle philosophie guide la programmation de la Semaine du Cerveau (SdC) ?
Ce rendez-vous annuel est une occasion unique pour les neuroscientifiques d’aller à la rencontre du grand public, pour partager les connaissances acquises sur le fonctionnement normal et pathologique du système nerveux, débattre sur les enjeux et les implications sociétales de ces avancées et sensibiliser à la démarche scientifique.
De plus, près d'un quart des 550 manifestations est dirigé vers le public jeune et/ou scolaire.
Il faut signaler plusieurs points importants. D'une part l'enthousiasme des collègues pour l'évènement : nous mobilisons 800 volontaires sur le terrain ; d'autre part le soutien du M.E.S.R.I. et de nos principaux organismes de recherche : CNRS, INRA, INSERM, ainsi que des partenariats fructueux avec Universcience, la Fédération de la Recherche sur le Cerveau (FRC) et quelques organismes privés. Enfin, au niveau régional, les 37 comités d'organisation locaux sont fortement aidés par les universités, les laboratoires de recherche, les collectivités territoriales et les associations.
Cette année, la SdC prend ses quartiers en Guyane pour la première fois. Quelles sont les autres particularités de cette 20e édition ?
La Semaine connaît un succès croissant. Jusqu'à présent, l'organisation était basée essentiellement sur une trentaine de villes universitaires possédant des laboratoires de neurosciences. Mais, depuis peu – et cette année en particulier – des associations de professionnels de la santé nous sollicitent pour labelliser leur évènement, comme c’est le cas en Guyane. Un tel essaimage loin des centres universitaires permet un meilleur maillage du territoire répondant à la mission du partage des connaissances avec des publics éloignés.
Nous voyons également l'effet très intéressant des réseaux sociaux. Notre public traditionnel est plutôt réparti en deux catégories : les jeunes d'âge scolaire et les personnes actives ou retraitées. Ces réseaux nous donnent accès à un public jeune d'âge intermédiaire difficile à toucher car très individualisé.
Y a-t-il cette année des thèmes, et/ou des événements qui vous semblent particulièrement importants ?
La conférence inaugurale nationale donnée par Lydia KERKERIAN-LE GOFF, Présidente de la Société des Neurosciences, Directrice de recherche CNRS à l'Institut de Biologie du Développement de Marseille, a lieu à Marseille en duplex avec l’Institut du Cerveau et de la Moelle Epinière à Paris, le 12 mars à 18h, autour du sujet « Le remarquable potentiel d’adaptation de notre cerveau ».
Le thème le plus représenté est relatif à l'apprentissage : éducation, mémoire, langage, intelligence. Cela témoigne de l’intérêt sociétal pour l'apport des neurosciences à l'éducation, à la connaissance du développement du cerveau et des supports neuronaux de l'intelligence, mais aussi des troubles de l'apprentissage. Il s’agit bien entendu d’un thème important et objet de débats à l'heure actuelle.
À noter le point particulier de l'intelligence artificielle qui connaît un développement très important dans les deux sens :
- 1) Machines bio-inspirées qui essaient de mimer le fonctionnement des réseaux neuronaux
- 2) Utilisation de ces méthodes d'IA pour traduire en commande ou interpréter un patron d’activité cérébrale
Les plus belles applications sont les prothèses commandées par la pensée et, tout dernièrement, la reconstitution de l'image d'un visage à partir des signaux électriques d'une centaine de neurones du cerveau d'un macaque.
Ensuite viennent les pathologies, comme les maladies neurodégénératives chroniques, qui inquiètent beaucoup de gens face à des besoins thérapeutiques insatisfaits, puis la sensorialité. Nos sens nous renseignent sur notre environnement mais l’intégration de ces informations au niveau du cerveau est complexe. Les techniques modernes d'exploration permettent d’appréhender le principe de fonctionnement des réseaux neuronaux impliqués, ainsi que leurs liens avec la mémoire et le comportement.
© ICM - Institut du cerveau et de la moelle épinière
Quels sont selon vous les domaines de la neuroscience qui joueront un rôle particulièrement important dans les années à venir, et pourquoi ?
L’intégration des différents niveaux d’analyse, de la molécule à la fonction, et la pluridisciplinarité devraient apporter beaucoup de nouveautés.
Certes les méthodes de neuroimagerie fonctionnelle atteignent des niveaux de performance étonnants et nous renseignent sur le décours spatio-temporel des évènements cérébraux dans le cerveau entier, mais elles ne nous disent rien des processus moléculaires sous-jacents qui, eux, sont le plus souvent étudiés sur des cellules ou des portions isolées du cerveau.
L’optogénétique semble un bon exemple de mariage de différents outils (physique, génétique, électrophysiologie, comportement) permettant de contrôler en temps réel l’activité de populations neuronales spécifiques et ainsi de décrypter leurs implications fonctionnelles, jusque chez l’animal en comportement. Des applications thérapeutiques sont en cours d’étude pour restaurer la vision.
De façon générale, on assiste à ce qu'on appelle la convergence NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives), d'où émergerons peut-être des robots intelligents ou des issues que nous sommes loin d'imaginer ! Ici, la vigilance éthique est nécessaire.
Un autre domaine, peu représenté jusqu'à maintenant, est celui de l'épigénétique. Il s'agit de l’étude des modifications de l’expression des gènes induites par des signaux de l’environnement au sens large, incluant ceux liés au stress ou à l’alimentation. Ces modifications épigénétiques sont réversibles mais aussi transmissibles au cours des divisions cellulaires, permettant le passage d'une génération à l'autre de caractères acquis. De telles modifications épigénétiques ont été mises en évidence dans le cas de l'obésité chez l'homme, et des données chez l’animal suggèrent que certains troubles psychiatriques relèveraient de ces changements.
Un dernier champ fort popularisé depuis 2010 est celui du microbiote. Cent mille milliards de microorganismes, répartis en plusieurs milliers d'espèces, « habitent » notre intestin et échangent en permanence avec nous des signaux moléculaires. De nombreux travaux, montrent que l’absence de microbiote augmente la susceptibilité au stress, affecte la réactivité des cellules immunitaires du cerveau, ou encore que sa composition en espèces bactériennes change avec les maladies, dont des pathologies cérébrales (autisme, dépression, etc). Tout ceci laisse penser que non seulement le développement du cerveau, mais aussi son fonctionnement adulte et son vieillissement seraient en partie liés à son dialogue avec nos bactéries-hôtes, ce qui ouvre également la voie à des traitements potentiels.
La SdC célèbre cette année ses 20 ans d’existence. Quel bilan, qualitatif, pouvez-vous dresser de cette manifestation depuis ses débuts en 1998 ?
Nous sommes passés d'une fréquentation d'environ 16000 personnes en 2011 à plus de 47000 en 2017.
En 2010, 23 comités locaux organisaient des manifestations ; on en compte aujourd'hui 35, mais surtout qui rayonnent sur plus de 72 villes. Ce bilan quantitatif a un impact qualitatif : cela nous permet de toucher aussi des publics éloignés des centres universitaires, donnant au plus grand nombre un accès à la culture scientifique permettant l’ouverture d’esprit, la curiosité et la lutte contre le prêt à penser.
Plus d'un tiers de nos évènements sont organisés pour les scolaires. Ce public, particulièrement intéressé par le cerveau, est bien sûr une cible importante de la médiation scientifique. Nous faisons le pari que l'information de qualité dispensée à ces jeunes leur permettra un meilleur épanouissement en favorisant les bonnes pratiques de vie (alimentation, sommeil, ...).
De façon plus générale, nous pensons que l'alliance des neurosciences avec de nombreuses autres disciplines, comme dans le domaine de l’éducation par exemple, profiteront aussi aux générations à venir. Autre aspect du bilan : la renommée de la Semaine du Cerveau, avec de plus en plus d'articles ou d'émissions consacrées au cerveau à l'occasion de la Semaine, en région mais aussi au niveau national.
Cette renommée se traduit également cette année - 20e anniversaire - par le haut patronage de Madame Frédérique Vidal, ministre de l'ESRI. C'est une distinction importante pour le public, mais aussi une reconnaissance pour les centaines de bénévoles qui organisent cet évènement et pour la Société des Neurosciences qui en assure la coordination.
Commentaires
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.