Les données pour le mois d’octobre 2014 de l’Institut turc des statistiques (TÜİK) estiment le taux de chômage (pourcentage des personnes faisant partie de la population active qui sont sans emploi) à 10,4 %, alors que ce dernier était de 9,2 % pour la même période en 2013. Cela représente 3 millions 43 mille chômeurs.

Selon ce rapport, le taux de chômage atteint 12,5% dans les secteurs non-agricoles. Par ailleurs, alors qu’elles ne représentent que 30,9% de la population active, les femmes sont très touchées, avec un taux chômage de 13,3% (contre 9,1% chez les hommes actifs).

Un constat alarmant pour les diplômés

Selon les derniers chiffres fournis par le TÜİK, les jeunes sont eux aussi très touchés par ce chômage croissant. En effet, le taux de chômage chez les 15-24 ans atteint 19,7%, et tend à s’approcher du quart de la population active chez les femmes de la même tranche d’âge (24,8%).

Le cas des jeunes diplômés est particulièrement inquiétant. Alors que les diplômés au chômage étaient 488.000 en février 2014, ils sont estimés à 725.000 en octobre. Ainsi, en moins d’un an, 237.000 personnes auraient rejoint les rangs des diplômés à la recherche d'un emploi, soit une augmentation de plus de 48%.

Selon les données du TÜİK consacrées à l’emploi en fonction du niveau d’études, 12% des jeunes diplômés d’université sont à la recherche d’un emploi, ce qui représente près du quart de la population au chômage, alors que ce taux était de 18,8% en février. Cette augmentation laisse à penser que nombre d’étudiants arrivés sur le marché du travail à la fin de l’année universitaire 2014 n’ont pas encore trouvé d’emploi déclaré.

A nouveau, les femmes payent le plus lourd tribut. Alors qu’elles ne représentent que 38,3% de la population active diplômée, elles représentent 57,9% des chômeurs diplômés (420.000 sur 725.000).

Une remise en cause de la politique universitaire

Selon le quotidien Hürriyet Daily News, l’augmentation du taux de chômage chez les jeunes diplômés est notamment le résultat de la hausse du nombre de diplômés sous le régime du Parti de la Justice et du développement (AKP). Alors que le pays compte aujourd’hui 175 universités (dont 104 publiques) contre 76 en 2003, ce rapport relance le débat sur la “démocratisation” universitaire. Ainsi en 2014, pour la première fois, le nombre d’admis à l’examen d’entrée à l’université a dépassé les deux millions.

Pour certains diplômés turcs au chômage, la solution est d’aller trouver du travail à l’étranger. Selon des statistiques de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), entre 5 et 10% des ressortissants turcs ayant une instruction résident dans un autre pays membre de l’OCDE.

Dorine Goth (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 27 janvier 2015