Buu Y, le grand francophile de l’ancienne capitale impériale de Huê
Dans cet article, Ngoc Câm se confie et le remercie pour lui avoir transmis la passion du français. «À l’université, j’ai eu l’occasion de suivre les cours du prof. Buu Y sur la littérature française et la traduction. Je suis enseignante depuis 20 ans. Je m’inspire depuis longtemps de ses méthodes d’enseignement», confie-t-elle. Et d’ajouter qu’«il ne nous donnait jamais les solutions afin de nous laisser travailler sur le problème. Malgré tout, aux examens, les questions qu’il nous posait étaient d’un niveau normal afin que tous les étudiants pouvaient réussir. J’apprécie cette méthode».
Septuagénaire, Buu Y garde toujours de beaux souvenirs de l'époque où ses amis et lui jouaient le rôle des souris, des corbeaux pour représenter les fables de la Fontaine, des pièces de Corneille, de Racine ou de Molière |
Buu Y, de son vrai nom Nguyên Phuoc Buu Y, est né en 1937 à Thua Thiên-Huê, dans une famille d’extraction royale. Dès l’enfance, il a étudié le français à l’Institut de la Providence, puis au Lycée Français (Bac, première partie) et Lycée Yersin de Dà Lat (Bac, 2e partie). Septuagénaire, Buu Y garde toujours de beaux souvenirs de cette époque. Il n’oublie jamais les cours de français où ses amis et lui jouaient le rôle des souris, des corbeaux pour représenter les fables de la Fontaine, des pièces de Corneille, de Racine ou de Molière. Des cours de dictée ou des heures d’étude des différences époque de la littérature française avec les œuvres des grands noms, tout est gravé dans sa mémoire.«Les professeurs français m’ont beaucoup appris. Dès la quatrième, on devait beaucoup travailler. Par exemple, chaque écolier devait lire une œuvre et faire un exposé. Les professeurs nous encourageaient toujours à lire et à parler fort, sans hésitation. Parfois, nous devions déclamer des poèmes ou jouer des pièces», se souvient-il.
Buu Y s’intéresse à la musique, à la littérature et particulièrement à la traduction du français au vietnamien. |
Un traducteur dévoué
Buu Y s’intéresse à la musique, à la littérature et particulièrement à la traduction du français au vietnamien. Il a réussi à traduire 15 œuvres. Buu Y privilégie la traduction des œuvres d’André Gide comme Les faux monnayeurs,L’immoraliste, Le retour de l’enfant prodigue… Il considère ce qu’il a appris sur la littérature française comme un trésor. Néanmoins, pour lui la traduction n’est pas quelque chose de personnel mais est un moyen de partager et de transmettre la culture française à ses élèves et aux jeunes générations.
Pour Buu Y, la traduction n’est pas quelque chose de personnel mais est un moyen de partager et de transmettre la culture française à ses élèves et aux jeunes générations. |
Il traduit lentement, 10 pages par jour maximum. La difficulté parfois est de trouver un mot vietnamien au lieu de comprendre le sens français. Pour cette raison, il lit souvent les œuvres des grands écrivains et poètes vietnamiens comme Huy Cân, Nguyên Tuân, Hàn Mac Tu… pour enrichir son vietnamien.«Après la traduction d’une dizaine de pages, je lis des œuvres vietnamiennes pour diversifier mon vocabulaire. Ce qui m’aide à mieux traduire», souligne-t-il. Pour lui, «le vietnamien et le français ont la même valeur. Si l’on n’a pas suffisamment enrichi son lexique vietnamien, on rencontrera des difficultés lors de la traduction des œuvres».
Un bibliomane passionné
La maison de Buu Y, situé au 9 rue Pham Ngu Lao, à Huê, est comme une petite bibliothèque. Il possède des milliers de livres, dont certains sont des exemplaires uniques au Vietnam. Ce trésor est le fruit de nombreuses années de collectes, lors de ses visites en France ou de ses balades dans les librairies vietnamiennes. Ses amis et des centres d’apprentissage du français lui ont également offert des titres.
Buu Y a l’habitude de lire des journaux et livres en français tous les jours pour étudier les méthodes d’écriture des auteurs français et choisir des œuvres intéressantes à traduire en vietnamien. «J’achète souvent les œuvres littéraires, philosophiques et artistiques, ce sont mes trois genres préférés. J’ai également des articles vietnamiens dans ces domaines», explique-t-il.
Pour ses contributions, Buu Y est surnommé «le grand francophile de Huê».
1 Commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.