Écoles de commerce : « La France est le troisième pays le plus accrédité »
INTERVIEW - Les écoles font la course aux accréditations comme Equis et AACSB. Éric Cornuel, directeur de l’EFMD, explique l’enjeu de ces labels internationaux.
LE FIGARO- Equis, AACSB, les écoles de commerce mettent en avant ces sigles. Pourquoi ont-ils été créés?
Éric CORNUEL. - Ce sont des labels certifiant la qualité des meilleures écoles de management. AACSB est le plus ancien, puisqu’il a été créé en 1916 aux États-Unis. À l’origine, il s’agissait d’une certification pour des formations en comptabilité. Elle s’est étendue à d’autres domaines, à mesure que le management se développait. Pendant longtemps, AACSB était un label exclusivement américain. À la fin des années 1990, l’Essec a été la première école française à être accréditée. À partir de ce moment, l’EFMD, association européenne dont le siège est à Bruxelles, a pensé créer sa propre accréditation. C’est ainsi qu’Equis est né en 1997.
»» Le classement des écoles de commerce du Figaro Étudiant
Que garantit un label comme Equis par exemple?
C’est une procédure qui peut durer plusieurs années. Le candidat est sous la tutelle d’un doyen d’une grande école de management, afin qu’il puisse analyser la situation. S’ensuit l’éligibilité de l’institution. L’école doit faire un rapport sur le corps professoral, le développement personnel des étudiants, l’accueil, l’international, et l’éthique, l’accompagnement, la recherche, la sélection, les anciens, l’aide aux étudiants, les campus à l’étranger, les salaires. Ce rapport sert de base au travail des auditeurs. Ces audits permettent aux écoles une formidable progression en termes de qualité. C’est un réel bond en avant. C’est une publicité extraordinaire pour un coût abordable: environ 40 000 euros, soit les frais de scolarité d’un étudiant en Executive MBA. Mais il faut compter aussi la mobilisation du personnel en interne. L’accréditation exige un suivi constant.
Quel est l’intérêt pour un étudiant de choisir une école accréditée?
Les étudiants choisissent leurs écoles en fonction de deux critères principaux. Il y a tout d’abord sa réputation. Pour preuve, quand une nomination est annoncée dans la presse, on précise souvent l’école dont est issu le cadre dirigeant (ce qui frise parfois le ridicule, je vous l’accorde). Le deuxième critère est le classement de l’école. Le classement international le plus réputé dans le monde est celui du Financial Times. Pour y figurer, il faut être accrédité par l’AACSB ou Equis. Être présent permet d’être visible à l’international, et donc d’attirer des étudiants étrangers. Ce qui est vital pour les écoles. Cela permet aussi de nouer plus facilement des alliances avec des universités étrangères.
Les écoles de commerce françaises sont-elles bien placées dans cette course à l’accréditation?
Les écoles de management françaises sont excellentes. Pour Equis, La France est le troisième pays le plus accrédité, avec 18 écoles, après la Grande-Bretagne, qui en a 26, et la Chine, 19. Elles offrent un excellent retour sur investissement, bien meilleur qu’aux États-Unis. À l’origine, ce sont des chambres de commerce qui ont créé la plupart des écoles et les ont financées. Il est dommage qu’elles n’aient plus les moyens de le faire du fait de la réforme de leur statut. En France, on a tendance parfois à vouloir casser ce qui marche.