Rencontre avec Éric Léandri, cofondateur de la start-up
Lancé en France en 2013, Qwant est un moteur de recherche qui respecte la vie privée de ses utilisateurs et œuvre pour un Web neutre et ouvert. Éric Léandri, son cofondateur et directeur général, nous a ouvert les portes de son antenne parisienne.
Un moteur de recherche qui vous veut du bien
Ingénieur de formation, Éric Léandri a travaillé dans le domaine de la sécurité informatique avant de créer Qwant en 2011, aux côtés de Jean-Manuel Rozan et de Patrick Constant. Leur ambition : créer un moteur de recherche sûr, et non pas sous contrôle. « Les gens confondent souvent les deux notions, précise Éric Léandri. Le contrôle, c’est faire en sorte que les gens aillent là où vous le souhaitez. La sécurité, c’est faire attention aux gens, être responsable et considérer qu’ils le sont aussi. »
Lancé en février 2013, Qwant protège ses utilisateurs en ne collectant aucune donnée personnelle. Il ne trace pas non plus leur activité sur le Web. Une offre diamétralement opposée aux pratiques des géants américains : « Nous ne nous intéress
ons pas à votre identité, à votre orientation sexuelle ou encore à votre religion, explique Éric Léandri, qui milite pour un Web neutre et ouvert. Notre unique souci est d’offrir un service de recherche efficace. »
Dans le même esprit, Qwant a lancé fin 2015 Qwant Junior, un moteur de recherche qui permet aux enfants de surfer sur Internet sans être exposés à des contenus pour adulte, violents ou marchands.
Une offre accessible dans 25 pays et 16 langues
Les valeurs de Qwant séduisent. En 2013, l’application comptait un million de visiteurs uniques par mois. Trois ans plus tard, en juillet 2016, ce chiffre était de 25 millions. La progression est spectaculaire, même si l’on est encore loin du milliard de visiteurs uniques mensuels recensés en 2011 pour le moteur de recherche américain Google.
La France reste le marché principal de Qwant, mais la start-up a les yeux tournés vers l’international : le moteur de recherche est aujourd’hui disponible dans 25 pays et 16 langues. En 2014, le jour du lancement de sa version allemande, Qwant était le sujet numéro deux des requêtes Google en Allemagne. « Le numéro un était imbattable : c’était un match de foot de l’équipe nationale qui avait lieu le soir même ! », plaisante Éric Léandri.
La clé de ce succès ? « Jusque-là, les Européens tentaient de concurrencer Google en proposant exactement la même chose, les moyens en moins. Avec Qwant, nous ouvrons une autre voie. »
Une vision globale qui inclut les spécificités régionales
Pour son développement international, Qwant mise sur une prise en compte intelligente des contextes locaux et régionaux. « Notre approche contextuelle relève de la logique, détaille Éric Léandri. Un habitant du Nordeste brésilien ne lit pas le même journal qu’un résidant de São Paolo. Pourquoi leur proposerions-nous les mêmes résultats de recherches ? »
« Au Sénégal, de même, cela n’a pas de sens de faire apparaître des sites français en premier dans les résultats de recherches, poursuit-il, même si la langue est la même. Pour fournir aux gens des réponses pertinentes localement, il faudra plutôt privilégier les sites internet sénégalais ». Cette stratégie passe aussi par la prise en compte des particularismes linguistiques : Qwant est d’ores et déjà disponible dans plusieurs langues régionales comme le corse ou le catalan.
Une start-up multiculturelle en plein développement
Pour grandir, Qwant s’appuie sur des collaborateurs du monde entier. « Il nous faut maîtriser la langue et le contexte – notamment culturel – de chaque pays indexé par notre moteur de recherche, explique Éric Léandri. C’est la clé pour fournir des réponses qui ont du sens ». L’entreprise est donc constamment à la recherche de nouveaux profils polyglottes et multiculturels.
Malgré une croissance rapide, Qwant conserve son esprit « start-up ». Dans ses bureaux de Paris et de Nice règne une atmosphère quasi californienne. « Nous sommes l’une des rares entreprises à proposer à ses développeurs de faire des choses aussi passionnantes que dans les grands groupes américains, comme du « machine learning » ou du « blockchain », mais avec l’énergie et le dynamisme d’une start-up, conclut Éric Léandri.
Aujourd’hui, Qwant multiplie les projets. En juin 2016, la société a inauguré Qwant Music, un moteur de recherche dédié à la musique. Prochain rendez-vous : le lancement de Qwant Culture, en collaboration avec de prestigieuses institutions telles que le festival d’Avignon, le festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence et le festival musical de Chambord. Une aventure à suivre donc, en France et partout dans le monde.
Photos © François Rouzioux/Animal pensant