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Cinéphilie : le français incontournable

Parler français, un passeport pour découvrir le cinéma hexagonal

 

Avec près de 270 productions par an, le cinéma français est le deuxième exportateur de films mondial après Hollywood. Parler français, c’est le meilleur moyen de satisfaire sa cinéphilie. Mais quel français pratique-t-on sur les écrans hexagonaux ? 

 

Une alumni dans la Nouvelle Vaguea_bout_de_souffle_ok_400

Dans « À bout de souffle »,  Jean Seberg vend le « New York Herald Tribune » sur les Champs Élysées quand Jean-Paul Belmondo la rattrape. Patricia, le personnage joué par Seberg, c’est un peu vous, chers alumni : la belle Américaine, étudiante à la Sorbonne, parle le français avec un accent délicieux. Et pour parfaire son apprentissage linguistique, peut-on rêver plus séduisant professeur que le beau « Bébel » ?

De pareils ambassadeurs ont fait du cinéma français le deuxième exportateur mondial de films après Hollywood. En recevant le Prix Lumière en 2013, Quentin Tarantino se faisait lyrique : « Le cinéma est ma religion et la France mon Vatican. » Parler français, c’est accéder à un patrimoine cinématographique qui compte un grand nombre de fidèles et quelques chapelles.

 

La gouaille, un art particulier de l’insolence

Mais quel français parle-t-on sur les écrans français ? Une catégorie de personnages se distingue particulièrement : ceux qui pratiquent avec gourmandise la « gouaille ». Comme Arletty dans « Les Enfants du paradis » ou Gabin dans « Touchez pas au grisbi », ils sont d’origine populaire et évoluent dans des milieux interlopes. Art inégalable de la répartie et de la parole imagée, accent légèrement traînant, typique des faubourgs de Paris : face aux normes de la vie bourgeoise, ils affichent une attitude insolente et décontractée.


Avec l’accent, de Pagnol à Guédiguian

L’art de la réplique qui fait mouche, c’est aussi une des caractéristiques des personnages de Pagnol ou de son héritier Guédiguian. Les deux cinéastes ont une affection particulière pour les caractères à la faconde méridionale : dans « Marius », Pagnol transforme une partie de cartes en démonstration drolatique de la puissance de la langue. Pratiquée avec virtuosité, teintée d’accent marseillais, elle devient un art génial de l’entourloupe.

 

Le français « en-chanté » de Jacques Demy

Le cinéaste Jacques Demy, mort en 1990, propose quant à lui des films d’une singularité absolue : c’est sur des airs de musique sous influence jazz que les personnages des « Parapluies de Cherbourg » se promettent l’amour éternel ou… demandent de l’essence à la station-service. Sous l’apparente décontraction, les thèmes sont graves : les souffrances de la guerre d’Algérie, le délitement des passions adolescentes. La langue de Demy, c’est un français « en-chanté » (terme qu’il inventa pour qualifier son travail) qui ne fait jamais l’impasse sur les petits et les grands désenchantements de la vie.