Recruteuse pour des firmes européennes visant l’Amérique latine
Évoluant entre São Paulo et Paris, Raquel Busnello pratique la chasse de têtes pour des entreprises européennes qui visent l’Amérique latine. Elle évoque pour France Alumni les spécificités du recrutement à l’international.
Le cabinet de recrutement RH Busnello’s Solutions travaille simultanément au Brésil et en France. Qui sont vos clients ?
Pour le moment, nos clients sont essentiellement des entreprises françaises qui sont déjà implantées ou qui souhaitent développer leur activité au Brésil et en Amérique latine. Elles appartiennent à des secteurs très divers, de l’agro-alimentaire à la cosmétique en passant par la finance. Elles sont en quête de profils à forte valeur ajoutée pour des postes à responsabilité ; des personnalités à l’aise avec la dimension internationale de ce type de mission.
Quel est le profil des candidats que vous présentez aux entreprises ?
Qu’il s’agisse de Français passionnés par le Brésil ou de Brésiliens formés en France, ce qui importe, c’est une réelle maîtrise des enjeux interculturels. Tous les candidats que présente RH’s Busnello Solutions parlent au minimum deux langues, dont l’anglais. Ils connaissent le marché que l’entreprise souhaite conquérir ou sont capables, grâce à une véritable flexibilité cognitive, d’en saisir rapidement les enjeux.
Comment repérez-vous les profils qui vous semblent intéressants ?
Je m’appuie sur mon réseau : la Chambre de commerce de São Paulo et celle d’Île-de-France représentent des viviers très riches. Mais il s’agit pour l’essentiel de top managers. Pour des profils juniors, je suis en contact permanent avec les établissements d’enseignement supérieur. J’accorde aussi une grande importance aux réseaux sociaux type LinkedIn ou Viadeo. Cela permet d’effectuer des recherches très ciblées.
Mais attention : il n’y a pas de « profil-type ». Tout ne se résume pas aux compétences décrites sur un CV. Il faut être très à l’écoute des envies et des motivations d’un candidat potentiel. Travailler dans un environnement international n’est pas facile : même en ayant fait d’excellentes études, on peut rencontrer des difficultés dans un milieu dont on ne comprend pas les codes.
Quelles sont les spécificités du monde du travail brésilien ?
Dans les entreprises brésiliennes, on accorde plus d’importance à l’expérience acquise sur le terrain qu’à l’école ou à l’université où on a fait ses études. Une formation à la française donne de fortes capacités analytiques : il faut les compléter en multipliant les stages en milieu professionnel.
Ensuite, le marché brésilien du travail se caractérise par sa grande souplesse. C’est vrai au niveau juridique : une période d’essai ne dure que trois mois, par exemple. Cela s’observe aussi dans les mentalités : les gens n’hésitent pas à changer de poste sans état d’âme, même par temps de crise. Si un manager qui arrive en poste brusque ses collaborateurs, il risque d’être confronté très vite à de nombreux départs dans son équipe…
Le relationnel est un aspect qu’il ne faut pas négliger.
En effet ! Comme les Brésiliens passent beaucoup de temps au travail, ils y investissent beaucoup d’affects. Ils peuvent vite se sentir blessés. Face à eux, il faut évoluer avec tact et sens de la diplomatie.
L’entreprise autant que le manager recruté ont intérêt à bien identifier ces spécificités. C’est mon travail de les y aider !