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Entretien avec Kourosh Francisco, Co-fondateur de BluCo
Newsletter "Le Pari" n°3 (Fev 2025)

29 janvier 2025 Communauté
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Dans cette interview, nous explorons les avantages d'entreprendre en France, mettant en lumière les opportunités uniques offertes par l'écosystème entrepreneurial français, ainsi que les bénéfices d'une formation académique dans ce pays, qui préparent les jeunes entrepreneurs à réussir sur la scène internationale.

Entretien conduit en anglais et retranscrit par IFAL

Traduction et adaptation française effectuée par Campus France UK

 

Citoyen britannique, Francisco est également d'origine mexicaine et iranienne. Après des études en sciences de gestion et en génie logiciel à UCL, il a suivi un cours d'entrepreneuriat à HEC Paris combiné à un programme à l'École polytechnique. Ces deux formations l'ont aidé à créer Bluco, un outil d'IA aidant les recruteurs à filtrer les candidats et fonctionnant depuis 9 mois.

 

Question : Quelle était votre principale motivation pour étudier au Royaume-Uni et dans l'université que vous avez choisie ?

Réponse : Ma principale motivation pour étudier au Royaume-Uni vient du fait que ce pays est réputé pour son excellent système éducatif. Cependant, ce n'est pas uniquement pour cette raison que je l'ai choisi. J'ai grandi au Royaume-Uni, donc j'étais déjà familier avec le système universitaire et savais qu'il était de qualité. En particulier, j'avais entendu beaucoup de bonnes choses sur UCL (University College London). Je voulais étudier la gestion et le commerce, car je savais, même au lycée, que je souhaitais créer ma propre start-up plus tard. Je pensais que ces études me donneraient les bases nécessaires pour atteindre cet objectif. Je savais également que, pour réussir dans ce domaine, il me fallait combiner des compétences en gestion avec une expertise technique. J'avais envisagé deux universités : UCL et LSE (London School of Economics). J'ai reçu des offres d'admission des deux institutions et assisté à leurs journées portes ouvertes. Ce qui m'a fait choisir UCL, c'est que le programme de gestion y est beaucoup plus pratique. Contrairement à LSE, où le cursus m'a semblé très théorique, UCL propose un enseignement axé sur les compétences fonctionnelles nécessaires pour réussir dans le monde des affaires. J'étais convaincu qu'à UCL, je pourrais acquérir un ensemble d'outils plus diversifié et complet pour atteindre mes objectifs professionnels.

 

Q : Quels types d'obstacles avez-vous rencontrés au cours de vos études ? Les avez-vous surmontés, et si oui, comment ? 

R : Un des principaux obstacles que j'ai rencontrés a été lié au confinement durant ma première année et une partie de ma deuxième année d'université. Les cours se déroulaient en ligne, ce qui limitait énormément le réseautage et les interactions sociales. J'étais derrière mon ordinateur, loin du campus et de l'université. Cela était particulièrement difficile pour un cursus comme la gestion, qui repose beaucoup sur la pratique et les projets de groupe impliquant des études de cas avec des entreprises. Travailler en équipe à distance n'était pas aussi efficace que cela aurait pu l'être en présentiel. Je compare souvent cette expérience à celle de ma start-up actuelle, que je développe également à distance avec mon équipe. La communication et la rapidité d'exécution sont bien différentes lorsqu'on est physiquement séparés. À l'université, j'ai ressenti ce manque d'efficacité dans les projets de groupe : les discussions et les échanges avec mes coéquipiers ou camarades étaient ralentis, qu'il s'agisse de travaux académiques ou même d'activités sociales. C'était clairement le plus grand obstacle.

Un autre aspect difficile était l'accès limité aux opportunités. Habituellement, il y a beaucoup d'événements pour rencontrer des dirigeants d'entreprises, acquérir des compétences pratiques ou participer à des activités extrascolaires. Mais à cause du confinement, tout cela était inaccessible. Cela m'a poussé à utiliser ce temps différemment : dès ma première année, j'ai décidé de lancer ma propre start-up. Puisque je passais beaucoup de temps chez moi devant mon ordinateur et que je ne pouvais pas participer à d'autres activités, j'ai pris l'initiative de me concentrer sur ce projet.

Pour surmonter ces défis, une fois les restrictions levées, j'ai fait un effort pour rencontrer mes camarades en dehors du cadre universitaire. Même si nous ne pouvions pas nous réunir sur le campus, nous trouvions des espaces ouverts pour travailler ensemble sur nos projets de groupe. Cela a permis de recréer un semblant d'interaction en présentiel. En dehors de cet obstacle externe lié au confinement, je dirais que le programme en lui-même était exigeant mais bien structuré et très engageant. J'ai apprécié l'encadrement et la qualité des enseignements, donc le confinement reste le principal défi que j'ai dû affronter.

 

Q : Comment l'idée de votre entreprise est-elle née ?

Pour Bluco, j'avais déjà une introduction préliminaire aux technologies RH (HRtech). Ce que j'ai constaté, c'est que les technologies actuelles, en particulier les logiciels traditionnels, sont très obsolètes et ne ciblent que les candidats cols blancs. Ils laissent de côté la majorité de la main-d'œuvre qui travaille sans bureau fixe, qui n'utilise pas d'ordinateurs quotidiennement comme vous et moi, mais plutôt des téléphones portables. Mon co-fondateur Nicolò travaillait chez BCG et menait également un projet dans le domaine du recrutement. Il observait toutes les difficultés auxquelles les entreprises étaient confrontées pour recruter du personnel. Nous avons donc combiné ma perspective technologique et sa connaissance du secteur. En mettant ces éléments ensemble, nous avons identifié ce problème et constaté que les solutions actuelles ne le résolvaient pas. Nous nous sommes alors demandé : comment rendre la candidature à un emploi aussi simple que l'envoi d'un message WhatsApp ? Nous avons réfléchi à cette idée, nous l'avons mise en œuvre, puis nous l'avons présentée à des clients potentiels. Ils ont adoré, et c'est ainsi que nous avons décidé de poursuivre dans cette voie.

Je connaissais Nicolò depuis un certain temps, je l'avais rencontré à HEC et nous nous sommes bien entendus dès le premier jour. Donc, quand nous avons commencé à parler de ce projet, je savais qu'il était la bonne personne pour co-fonder une entreprise. Nous sommes tous les deux assez déterminés, avec le même type d'objectifs et d'ambitions, ce qui a rendu la décision facile pour moi.

 

Q : Depuis que vous avez entrepris ce projet, avez-vous trouvé des personnes prêtes à vous aider à vous établir ?

R : Certainement ! Je pense qu'un des grands avantages de l'écosystème des start-up en France est le soutien qu'il offre. Il existe un immense hub où je me trouve actuellement, appelé Station F, qui regroupe environ mille start-ups au même endroit. Nous avons réussi à y entrer, nous avons postulé et avons été acceptés. Vous constaterez que toute personne à qui vous posez une question sera très disposée à vous aider. Les gens sont en réalité assez ouverts, contrairement à ce que l'on pourrait croire, et nous avons trouvé très facile d'obtenir les réponses que nous cherchions. Encore une fois, le soutien en France est, dans de nombreux aspects, meilleur que dans d'autres pays. Par exemple, il y a la BPI (Banque Publique d'Investissement) qui peut vous accorder des subventions pour booster rapidement votre start-up, comme 30 000 euros. Il y a donc beaucoup de soutien ici. J'ai également constaté que les gens étaient désireux de nous aider ; certains étaient même prêts à nous rejoindre. Nous n'avons pas pu accepter tout le monde, mais nous avons déjà constitué une équipe solide avec des personnes très intelligentes, dont beaucoup sont françaises. C'est un bon endroit pour démarrer une entreprise.

 

Q : Qu'en est-il de l'environnement entrepreunarial au Royaume-Uni ? Que faut-il pour réussir en tant qu'entrepreneur au Royaume-Uni et en quoi cela diffère-t-il de l'écosystème entrepreneurial français ?

En France, il existe de nombreuses opportunités de soutien. Par exemple, à Station F, où je me trouve actuellement, nous avons accès à des opportunités incroyables pour rencontrer des personnalités influentes dans des entreprises importantes auxquelles nous souhaitons vendre nos produits ou services. Ils nous introduisent auprès de ces personnes, organisent des événements exceptionnels avec des intervenants comme ceux d'OpenAI ou Hugging Face, ainsi que des PDG qui partagent avec nous une mine de connaissances sur tout ce que nous voulons apprendre. Au Royaume-Uni, le soutien est davantage axé sur l'aspect financier. Vous êtes exposé à ce qui est probablement le plus grand hub financier d'Europe. Cela signifie que, pour lever des fonds en tant que start-up, même si vous êtes étudiant, vous avez beaucoup plus d'opportunités là-bas. Le soutien au Royaume-Uni est donc plus financier qu'en France, où il est davantage basé sur les opportunités ou les réseaux. Pour réussir au Royaume-Uni, il suffit de se lancer, de mettre les choses en place et d'essayer. Il n'y a rien de mal à tenter sa chance. Cependant, je dirais que le marché y est plus compétitif. En France, bien sûr, il y a beaucoup de start-ups qui se lancent, mais au Royaume-Uni, le marché est encore plus concurrentiel en raison des fonds disponibles. Plus d'argent attire plus de monde, ce qui signifie que si vous voulez réussir là-bas, vous devez tout donner.

 

Q : Avez-vous réussi à obtenir des clients jusqu'à présent ?

R : Oui, nous avons plusieurs clients, en fait un bon nombre, dont certains grands noms. Par exemple, nous travaillons avec des filiales du groupe Volkswagen, comme Bucha Holding, qui vend des voitures de la marque Volkswagen en Allemagne et en Autriche. Nous collaborons également avec une entreprise de télécommunications ici en France, qui recrute tous ses techniciens grâce à notre plateforme. Ces postes sont difficiles à pourvoir, mais les candidats préfèrent postuler via WhatsApp, ce qui leur simplifie grandement la tâche. Grâce à notre solution, cette entreprise parvient désormais à embaucher toutes les personnes dont elle a besoin. Nous travaillons également avec la compagnie ferroviaire italienne et recrutons des travailleurs logistiques pour Amazon. En plus de ces grandes entreprises, nous avons aussi des sociétés de taille moyenne comme Aviva, une entreprise de logistique basée en France. Le nombre de nos clients ne cesse d'augmenter chaque semaine, car les entreprises sont attirées par ce que nous proposons et voient la valeur ajoutée de notre solution. De plus, nos résultats parlent d'eux-mêmes. Par exemple, lorsqu'une entreprise comme Porsche voit ce que nous avons accompli pour d'autres clients, elle est immédiatement convaincue. Nous avons donc parcouru un long chemin et obtenu des résultats significatifs sans avoir à fournir trop d'efforts pour convaincre nos clients : ils voient simplement l'impact positif de notre travail et veulent en bénéficier eux aussi.

 

Q : Vous concentrez-vous uniquement sur Paris ou envisagez-vous également de vous étendre à d'autres villes comme Londres ?R : Nous avons commencé à Paris, mais nous opérons également à Londres, dans le reste de la France, au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie et même aux États-Unis. Nous avons déjà plusieurs clients en Italie, ainsi qu'en Allemagne et en Autriche. Actuellement, nous sommes vraiment présents dans toute l'Europe. Comme je l'ai mentionné, nous avons progressé rapidement. Nous avons travaillé dur ces neuf derniers mois et nous envisageons maintenant de nous développer aux États-Unis.

 

Q : Vous avez commencé à un très jeune âge, est-ce un avantage ou un inconvénient ? R : Commencer tôt est uniquement un avantage, car cela vous permet d'avoir une perspective sur ce qui doit être fait un peu plus tôt. On peut dire que vous apprenez plus vite. Vous pouvez avancer plus rapidement, car vous n'avez pas à attendre des réponses à des questions qui ne peuvent être résolues que plus tard. Avoir l'objectif en tête dès le départ est également un énorme avantage. Je pense que le principal facteur qui fait échouer une start-up est l'équipe, et au sein de celle-ci, les fondateurs eux-mêmes, ainsi que leur motivation à continuer. Comme c'était toujours mon objectif de faire cela, lorsque j'ai commencé à agir, la probabilité que cela aboutisse était déjà établie, contrairement à quelqu'un qui se dit peut-être : "Je vais essayer ça", sans que ce soit son véritable objectif. Avoir cet objectif dès le départ rend simplement cette ambition un peu plus solide que si c'était un nouvel objectif qui pourrait fluctuer.

 

Q : Quelles sont les principales leçons que vous pourriez donner aux jeunes internationaux souhaitant créer leur propre entreprise, maintenant ou à l'avenir ?

R : Il est essentiel d'avoir les bonnes personnes avec qui entreprendre, et je ne vous conseillerais pas de le faire seul. C'est une démarche qui demande beaucoup d'énergie et d'intellect. Si vous avez un autre cerveau avec vous, vous avancerez toujours plus vite et prendrez de meilleures décisions que si vous jouez seul à un jeu d'échecs. Il est donc impératif de s'associer avec quelqu'un d'autre. Mais encore plus important, assurez-vous de choisir la bonne personne. Je dis toujours à mes amis qui me posent des questions similaires que le choix de votre co-fondateur est bien plus crucial que le choix de l'idée ou du concept de la start-up. À la fin de la journée, tout repose sur l'exécution, qui dépend entièrement de vous deux et de votre capacité à bien travailler ensemble, ainsi que d'être en harmonie pendant une longue période. C'est là le principal enseignement. Je pense que beaucoup de gens sous-estiment l'importance de cet aspect et se concentrent trop sur l'élaboration d'une idée et le démarrage, alors que c'est l'équipe qui fait toute la différence. Mon autre conseil est d'être engagé à 100 %. Vous remarquerez, comme moi, que je suis ici avec 1000 autres start-ups. Je vois les personnes qui travaillent ici le week-end, qui restent tard le soir, et ce sont ces personnes qui figurent en tête des classements des meilleures start-ups dans ce bâtiment. Si vous donnez tout et que vous vous engagez vraiment, si vous rendez votre succès dépendant de votre investissement personnel ou inversement, cela fera une différence. Vous devez pouvoir affirmer que certaines choses dépendent de vous et y tenir. Alors, cela ira quelque part.

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